Ni la pluie qui se déversait par endroits, ni l'érosion subie par cette tradition que tant d'autres alternatives menacent de remplacer, n'ont eu raison de la volonté d'un bon nombre de Guadeloupéens de se trouver dans les cimetières ce 1er novembre.
Quand on les interroge, aucun de ces visiteurs d'un jour des cimetières n'a la même réponse que celles des autres. Chacun y vient pour ses propres raisons mais tous sont sûrs d'accomplir ainsi un devoir de mémoire.
Je viens toutes les années parce que ces bougies prolongent la vie de ceux qui sont enterrés dans cette tombe
Lucina, cimetière de Pointe-à-Pître
On est venu en pensant que les autres membres de la famille qu'on ne voir pas toujours seraient présents. Ils ne sont pas encore là mais je suis sûr qu'ils viendront.
Martine, cimetière de Prise d'Eau
Je suis le dernier enfant de mes parents. Mes six frères et sœurs sont déjà morts. Alors, c'est à moi d'être présents ici pour eux et pour nos parents et nos grands parents
Michel, cimetière de Basse-Terre
Il n'est pas question pour moi de ne pas venir allumer une bougie sur cette tombe où reposent mes parents et mon fils ...
Annick, cimetière de Pointe-Noire
Je ne le fais pas à cause d'une croyance religieuse, non ! Je suis sûr que la vie ne se termine pas avec la mort et que ceux que nous honorons sont autour de nous. Allumer ces bougies c'est comme rendre leur âme visible.
Marie-Anne, cimetière de Trois-Rivières
Ce n'est pas facile de transmettre nos valeurs à nos enfants et nos petits-enfants. Mais La Toussaint, même s'ils ne comprennent pas tout ce que nous y faisons et ce que nous mettons derrière chaque chose que nous faisons, ils savent au moins que c'est important de garder ce lien, cette tradition. Alors, quand je ne serai plus là, ils viendront parce qu'ils savent que c'est important pour moi. Et ils feront tout ce qu'ils m'ont vu faire. C'est cela l'enracinement d'une tradition
Marcel, cimetière de Capesterre de Marie-Galante
Ce sont toutes ces raisons, mais aussi toutes celles qui ne s'expriment pas toujours, qui ont, cette année encore, dressé un pont enflammé entre les vivants et les morts dans les cimetières de cette terre de Guadeloupe.