Le Parquet de Basse-Terre s’est dessaisi d’une plainte déposée contre X, le 7 avril 2020, par le collectif Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), le Mouvement international pour les réparations (MIR) et le Comité international du Peuple Noir (CIPN) ; c’était l’objet d’un courrier du procureur de la République de Basse-Terre, Xavier Sicot, daté du 17 septembre 2023.
L'affaire en question porte sur "la gestion chaotique de l’épidémie de COVID et ses graves conséquences", dénoncées par les organisations précitées. Elles évoquent des "Blessures et homicides par imprudence, une non-assistance à personne en péril, des mises en danger de la vie d’autrui, des atteintes involontaires à la vie, des atteintes involontaires à l’intégrité physique ou psychique, une violation de l’article L.131-1 du code de la santé".
Ce dossier a donc été confié au Pôle santé publique du Parquet de Paris.
Deux plaintes, dont la première déposée il y a 3 ans et demi
Les représentants des organisations plaignantes s’insurgent contre la lenteur de la procédure ; ils n’ont été entendus que le 18 mai 2021, soit plus d’un an après leur plainte.
Peu de temps après, durant les mois de juillet, août et septembre 2021, la crise Covid a été à l’origine de la mort de 1043 personnes, au sein même des établissements hospitaliers de l’archipel guadeloupéen, rappellent-ils.
D’où la nouvelle plainte de l’UGTG et du LKP, le 9 septembre 2021, cette fois pour "homicide volontaire, Blessures involontaires, Mise en danger de la vie d'autrui, Non-assistance à personne en danger et Violation d'une obligation de sécurité ou de prudence". Elle a été suivie de nouvelles auditions, 16 mois après, le 30 janvier 2023.
Des témoignages accablants de soignants
UGTG et LKP réaffirment que c'est le manque d'accès aux soins précoces, le refus de soins, le refus de délivrance de médicaments, le manque de moyens, l’absence d'anticipation et la gestion inhumaine de l’épidémie qui sont les principales causes de ces décès, dont la plupart auraient pu être évités.
Communiqué de l’UGTG et du LKP du 25/09/2023
Pour corroborer cette idée, les organisations s’appuient sur des témoignages de soignants venus de l’Hexagone et de Martinique pour prêter main-forte aux personnels hospitaliers locaux, notamment au sein du CHU de Pointe-à-Pitre/Les Abymes. Ceux-ci évoquaient, dans la presse, des conditions de prise en charge, synonyme de "maltraitance", d’équipements et de produits (dont l’oxygène) limités voire insuffisants, ou encore de "protocoles pour faire mourir les patients".
Qu’importe le transfert du dossier judiciaire vers Paris, pour les plaignants. Ils continueront de réclamer "justice et vérité pour toutes les victimes".