Trois semaines après le passage de la tempête tropicale Fiona, les conditions de vie de plusieurs sinistrés restent précaires. Des maisons et appartements ne sont plus habitables, soit parce que situé(e)s en zone classée dangereuse, soit parce que les dommages causés (structurels, électriques...) sont importants.
Afin de les sortir de cette galère, un dispositif de relogement d’urgence a été mis en œuvre, notamment à Goyave et à Capesterre-Belle-Eau : durant six mois, les bénéficiaires auront un toit décent issu des parcs des bailleurs sociaux et seront accompagnés par les collectivités.
Seulement voilà, il y a un écart entre les besoins et la disponibilité de biens.
Réunion publique, à Goyave
Une "Réunion publique d’information après Fiona" était organisée, ce samedi 8 octobre 2022, au sein de la ZAC de l’Aiguille, à Goyave, zone très impactée par les inondations provoquées par la tempête tropicale des 16 et 17 septembre derniers.
Il s’agissait pour la mairie et ses partenaires de renseigner la population sur les aides accordées, l’application par les assurances de la déclaration de catastrophe naturelle, la collecte des déchets, les moyens de transport urbains et scolaires et le relogement. Tous les services, institutions et les entreprises compétents étaient présents afin de répondre aux administrés.
C’est surtout le dernier point à l’ordre du jour qui a été soulevé par les personnes présentes : le relogement.
Comme Sandra Mathieu et Mélanie Alexis, toutes deux mamans et locataires en zone sinistrée, ils sont nombreux à demander à bénéficier d’une nouvelle habitation, parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité :
J’ai fait les remontées à la SEMSAMAR, concernant l’insécurité, notamment en raison des émanations de gaz d’ammoniac. Lorsqu’il pleut, j’ai encore des infiltrations d’eau donc je me retrouve constamment en train d’essuyer. J’ai des prises quasiment impraticables, parce qu’il y a un problème concernant l’électricité.
Sandra Mathieu, locataire sinistrée
Il y a le placo qui s’est éclaté, il y a les fils de courant qui dépassent et mes enfants dorment là, actuellement. Je ne peux pas faire autrement.
Mélanie Alexis, locataire sinistrée
La SEMSAMAR, bailleur présent à cette réunion, assure que les locataires de logements identifiés comme inhabitables, après expertise, seront relogés.
Mais la mise en disponibilité de logements sains peut prendre du temps, comprend-on. Le fait est que l’offre de logements sociaux, en Guadeloupe, est bien moindre que la demande. Après la gestion de la crise, cette carence sera donc davantage criante.
On est en train de remettre en état un certain nombre de logements (...). C’est notre responsabilité de reloger des locataires dont les logements ne sont pas habitables ; donc ça c’est une priorité.
Laurent Pinsel, directeur de la SEMSAMAR
Une locataire sinistrée n’a pas manqué de demander aux bailleurs sociaux d’être plus vigilants et respectueux des normes de sécurité en vigueur, quand ils construisent les résidences.
Quand ils font des appartements, qu’ils les fassent avec un peu de sécurité.
Locataire sinistrée
Signatures de baux, à Capesterre-Belle-Eau
Les premiers baux ont d’ores et déjà été signés, à Capesterre-Belle-Eau, hier (vendredi 7 octobre 2022), en même temps qu’une convention d’occupation de population précaire, engageant le locataire, le Conseil départemental et le bailleur, la Société immobilière de Guadeloupe (SIG) en l’occurrence ici.
Les clés de leur havre de paix temporaire ont ensuite été remises aux premières familles relogées, dans la commune.
Il s’agit de permettre à ceux et celles qui ont tout perdu, les sinistrés, de pouvoir être relogés, dans le cadre de cette procédure d’urgence (...). Nous avons une population qui est encore choquée, pour laquelle nous devons mettre tous les dispositifs nécessaires, pour leur permettre de se reconstruire, déjà eux, et leur permettre d’avoir un cadre de vie agréable.
Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre-Belle-Eau, 1er vice-président du Département de la Guadeloupe et président du CA de la SIG
Le Département a aussi débloqué un fonds d’urgence permettant aux bénéficiaires de faire l’acquisition d’équipements de base (lit, réfrigérateur, table, chaises, etc.) et pour aider les plus précaires à assumer leurs loyers.
Durant les six mois de cette procédure d’urgence, des solutions de relogement pérennes doivent être trouvées. 73 familles sont concernées dans l’archipel, dont 23 à Capesterre-Belle-Eau.
Dans d’autres cas, il est question de remise en état et de réhabilitation du logement occupé.
Mais, il y a un hic : les délais pour l’expertise, puis la commande et la réalisation des travaux.