En une quarantaine d’années, la couverture corallienne vivante des récifs de l’archipel guadeloupéen n’a cessé de fondre comme neige au soleil, passant de 31% à seulement 6% actuellement. De nombreux facteurs expliquent cette diminution inquiétante des récifs : notamment le réchauffement des océans et la pollution.
Les observations des chercheurs de l’université de Miami, le long d’une barrière de corail située en baie de Tela, au Honduras, font naître un espoir : les types de coraux qui y sont présents semblent être super-résistants ; de leur découverte peut naître une solution pour sauver les récifs caribéens.
Des coraux résilients à cultiver
Le constat dressé par les chercheurs de l’université de Miami est encourageant. En effet, le récif corallien situé dans la baie de Tela au Honduras aurait dû disparaître, après toutes les agressions dont il a fait l’objet (pollution, dégradations industrielles, vagues de chaleur). Pourtant, celui-ci est étonnamment prospère.
Cette baie, qui possède en son sein plus de 68% de la couverture corallienne vivante (en Caraïbe, ce pourcentage est de 18) est qualifiée de résiliente. Ainsi, en étudiant les raisons de cette résistance hors du commun, ces coraux pourraient être la clef pour reconstruire les récifs caribéens.
D’ailleurs, un projet mené par les scientifiques américains a démarré. Il s’agit de cultiver plusieurs catégories de coraux, pour améliorer leur tolérance aux agressions dont ils font l’objet.
Les eaux usées qui se déversent dans la mer, un frein en Guadeloupe
Pour autant, cette nouvelle doit être nuancée car, en Guadeloupe, la principale cause du blanchissement, puis de la mort de nos coraux, est la mauvaise qualité des eaux côtières, elle-même conséquence des dysfonctionnements récurrents de la quasi-totalité de nos stations d’épuration, selon des scientifiques locaux.
C’est l’avis de Claude Bouchon, biologiste marin et responsable du bureau d’études "Eco Récif Environnement", qui étudie les coraux de l’archipel depuis 1981.
Il y a eu une dégradation lente, au début. Ça s’est accéléré depuis une dizaine d’années et ça devient vraiment catastrophique. On va dans le mur. C’est lié surtout à la mauvaise qualité de nos eaux côtières. Pour l’instant, je suis pessimiste, parce que je tire la sonnette d’alarme depuis plus de 20 ans, sans voir les choses évoluer. Il y a 70 stations d’épurations collectives en Guadeloupe. La majorité ne marche pas. 6% de couverture de coraux sur nos récifs... ce ne sont plus des récifs coralliens, ce sont des récifs d’algues !
Claude Bouchon, biologiste marin
Autrement dit, du point de vue de Claude Bouchon, même si on voulait bénéficier, à terme, de l’implantation des coraux jugés résilients, ils auraient peu de chance de survivre, localement.
Les espèces de coraux sont les mêmes dans toute la Caraïbe. Donc les coraux qui sont résilients dans cette baie existent également dans les Antilles. Donc il est vraiment intéressant de savoir pourquoi ils sont résilients. De là à penser que ce soit la panacée, pour régler le problème de régression des coraux dans la région Caraïbe et dans les Antilles en particulier, il faut nuancer l’affaire.
Claude Bouchon, biologiste marin
La qualité des eaux côtières, c’est la clé, pour des coraux en bonne santé, insiste le biologiste. Or, l’actualité nous rappelle régulièrement qu’on est loin du compte, en Guadeloupe ; les épisodes de pollution des eaux, dont des zones de baignade, sont récurrents. Le mauvais traitement des eaux usées est souvent pointé du doigt. C’est la principale cause de disparition des coraux, qui se rajoute aux phénomènes climatiques.