Des gangs rivaux signent une trêve dans le plus grand bidonville d'Haïti

Policiers haïtiens patrouillant sur le Champ de Mars, à Port-au-Prince, Haïti, le 24 avril 2024
Deux chefs de gangs ont mis un terme à un conflit armé dans le plus grand bidonville d'Haïti, autour de la capitale Port-au-Prince.

Les gangs contrôlent 80% de la capitale et des grands axes du pays. Ces bandes armées sont accusées de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, une situation qui s'est aggravée en début d'année, lorsqu'elles ont décidé d'unir leurs forces pour renverser l'ancien Premier ministre très contesté Ariel Henry.

Les deux chefs de gangs, qui se font appeler Mathias et Gabriel, respectivement membres des groupes armés G9 et G-Pèp, ont décidé de retirer les barrages installés dans certains quartiers de Cité Soleil, un bidonville d'environ 300 000 habitants, a indiqué à l'AFP le pasteur Jean Enock Joseph, personnalité influente de cette commune.
"Une nouvelle étape vient d'être franchie", a expliqué le pasteur, rappelant cependant qu'une trêve similaire avait été signée en juillet 2023 avant de voler en éclats quelques semaines plus tard.

A l'image d'une grande partie de Port-au-Prince, les habitants de Cité Soleil ne pouvaient pas circuler librement dans le bidonville, divisé en zones contrôlées par des gangs rivaux, par peur d'être victimes de tirs croisés.
Mais les gangs G9 et G-Pèp ne se sont pas affrontés depuis février dernier, lorsqu'ils ont rejoint la coalition fomentant les attaques coordonnées pour renverser Ariel Henry. Ils avaient toutefois maintenu la division de Cité Soleil jusqu'à mercredi.

A la tête du G9 et parmi les leaders de cette coalition, Jimmy Chérizier, alias "Barbecue", a salué jeudi "le courage" des chefs de gangs de Cité Soleil.

Ces derniers mois, les violences à Port-au-Prince ont provoqué une grave crise humanitaire, le pays comptant, selon l'ONU, près de 600 000 déplacés, après une augmentation de 60% depuis mars.

Depuis le départ d'Ariel Henry, des autorités transitoires ont été mises en place pour s'atteler à remettre le pays sur pied, avec l'appui d'une mission multinationale soutenue par l'ONU et menée par le Kenya.
La tâche sera immense, dans un pays ravagé par la violence et la corruption, et qui n'a pas de président depuis l'assassinat de Jovenel Moïse en 2021.