Il semble qu'il existe une population de singes verts, sur l'île de La Désirade. Mais on en sait très peu à leur sujet. Combien sont-ils ? Où ont-ils leurs habitudes ? Un étudiant de Fouillole en Master 1 de biologie tropicale entend en savoir davantage. Il a lancé un appel à témoins.
Appel à témoin
Avez-vous vu des singes verts, à La Désirade ? Si oui, veuillez contacter Louis Gillardin. Votre témoignage intéresse cet étudiant en Master 1 de biologie tropicale, qui suit son cursus sur le campus de Fouillole, au sein de l'Université des Antilles. Son but est de trouver des indices de présence de ces primates, sur la petite île et d'identifier leurs zones de vie. C'est l'objet du stage passerelle de 6 semaines que le jeune homme doit suivre.
Il a lancé un appel à témoin, ce vendredi 08 janvier 2021.
Une présence, non sans conséquences potentielles
Non, leur tête n'est pas mise à prix... du moins pas encore !
Car, ne nous fions pas à leurs bonnes bouilles et à leurs yeux tristounets, les singes verts n'ont pas que des qualités ; cette espèce a la réputation d'être envahissante (comme cela est signalé dans l'annonce ci-dessus) et, parfois, agressive...
Leur présence est identifiée, sur île de la Désirade, depuis plusieurs années. Il semble qu'ils soient arrivés là, à l'occasion d'une tentative de domestication... puis ont été lâchés dans la nature. Les rumeurs parlent d'au moins un mâle et une femelle ainsi libérés, voire de plusieurs couples.
C'est d'ailleurs aussi pour évaluer leur population que Louis Gillardin mène des investigations.
Selon l'étudiant, il convient d'appeler à la prudence :
On sait qu'il y a des signes, mais on ne sait pas combien il y a de singes et on ne sait pas où ils sont. Et on ne veut pas ni effrayer les gens, ni que les touristes soient trop au courant du fait qu'il y ait des singes. Parce qu'on sait que, dans d'autres endroits du monde, c'est un attrait touristique et il ne faut surtout pas que cela le devienne, pour La Désirade.
Dans la Caraïbe, des populations de singes verts ont été identifiées, par exemple à Trinidad et à Saint-Martin. Leur nombre y est, aujourd'hui, tellement important, que ces animaux provoquent d'importants dégâts, sur les exploitations agricoles, notamment. Quand ils ont faim, ils n'hésitent pas à entrer dans les habitations, pour voler de la nourriture.
Le singe vert est capable de manger des poules et, surtout, il va manger énormément de fruits. Et le problème qu'on a sur La Désirade, c'est qu'à la saison des mangues, des prunes, etc., les seules petites populations de singes présentes, vont descendre, par exemple sur Baie-Mahault et vont consommer les fruits des habitants.
Mon boulot ça va être de poser des pièges-photos et des caméras, pour voir où ils se situent et combien ils sont.
La Désirade étant soumise à un climat très sec, les singes, qui ne trouvent pas suffisamment de poches d'eau, dans la nature, ont tendance à se rapprocher des habitations, pour trouver de quoi subsister.
Moi je débute mon travail et, depuis 4 jours, les seuls témoignages que j'ai déjà recueillis, autour des habitations, proviennent uniquement de Baie-Mahault. C'est là qu'ils ont vu des singes. Nulle part ailleurs sur La Désirade, selon mes premières investigations.
Le jeune stagiaire envisage, donc, de partir des maisons de cette section de l'île, puis de remonter les ravines, jusqu'au plateau, à la recherche de traces des primates. La tâche n'est pas aisée, quand on sait que l'espèce est très craintive, farouche et, donc, ne se laissera pas approcher facilement ; d'où l'utilisation de caméra.
Prudence !
Les singes sauvages sont classés, en France, dans la catégorie des espèces dangereuses. Ils peuvent être porteurs de maladies et n'hésitent pas à mordre. Des cas de morsures d'humains ou de chiens ont été rapportés, notamment à Saint-Martin.
Enfin, en tant qu'espèce envahissante, le singe vert constitue un risque pour la biodiversité locale.
Dans l'archipel, il n'existe pas de lieu, ni de spécialistes aptes à les prendre en charge. Si bien qu'en septembre 2020, deux spécimens saisis chez un particulier avaient dû être euthanasiés. Nous en parlions dans cet article :
Louis Gillardin travaille en collaboration avec l'ONF et l'association "Titè" (réserve naturelle de Petite Terre et de la Désirade).