C’était le 20 septembre 1989. Trois jours après le passage du dévastateur cyclone Hugo, sur la Guadeloupe (dans la nuit du 16 au 17 septembre), un hélicoptère de l’armée se crashait, après son décollage de La Désirade.
Le bilan de cet accident est très lourd : les 9 personnes qui étaient à bord sont toutes mortes.
Les victimes étaient des militaires, qui s'étaient portés volontaires pour prêter main forte aux équipes engagées dans les opérations de secours, auprès des populations sinistrées, ainsi que deux résidents de la dépendance de la Guadeloupe.
La Désirade pensait avoir échappé au pire
Cette année-là, la Désirade a été littéralement rasée, par les vents violents d’Hugo. Près de 80% des maisons ont été éventrées et leurs matériaux éparpillés. Sur ce petit bout de terre, c’était la désolation, au lendemain du passage du phénomène météorologique hors norme.
Malgré tout, les habitants se réjouissaient de ne compter aucun mort, ni aucun blessé dans leur rang... jusqu'au drame qui s'est joué trois jours après et qui a endeuillé l'île de La Désirade.
Une évacuation sanitaire qui a mal tourné
Le 20 septembre 1989, Bertrand Berchel, un habitant de l'île, âgé de 54 ans, réparait le toit d'une maison, quand il a glissé, puis chuté. L'homme est victime d'une fracture. Son état nécessite une évacuation sanitaire, vers Pointe-à-Pitre.
C'est ainsi que, le jour même, l'hélicoptère SA 330 Puma de l'escadron de transport Outre-mer 58 a été envoyé pour le récupérer. Depuis le passage d'Hugo, l'appareil enchaînait les rotations.
Le fils de Bertrand, Bernard, 21 ans, décide d'accompagner son père. Il monte à bord.
Il fait nuit. Peu de temps après le décollage, l'engin tombe en mer, au large de la marina de Beauséjour. Il n'y a aucun survivant.
Avec le père et le fils Berchel, sept militaires ont péri : l'adjudant Michel Cadet, le médecin Capitaine Bernard Cren, le sergent-chef Dominique Demulier, le Commandant Jean-Luc Dereumaux, le Capitaine Christian Dubois (Sécurité Civile), l'adjudant Bernard Molinier et la Capitaine François Massé.
Le maire de l'époque se souvient
32 ans après ce drame, le maire de La Désirade de l’époque, Emmanuel Robin, se souvient encore de la tragédie, comme si c’était hier. Il a témoigné au micro de Brono Pansiot-Villon :
Emmanuel Robin : "Le premier corps, on l'a retrouvé vers 1h du matin. Le dernier corps, ça a été près de 8 jours après et, finalement, y'a un corps qu'on n'a pas retrouvé du tout : c'est le fils Berchel"
Des hommages mérités
L'équipage du capitaine François Massé, pilote de l'hélicoptère Puma, âgé de 32 ans, a donc succombé lors d'une mission d'évacuation sanitaire post-catastrophe naturelle. Cela a valu à chacun de ses membres tous les honneurs.
Christian Dubois, médecin des armées incorporé dans la Sécurité Civile, donnera son nom à la Promotion 1990 de l'Ecole de santé des armées de Lyon.
Le 20 décembre 2013, la promotion P146 de l'Ecole de Saintes a été baptisée du nom du Sergent-Chef Dominique Demulier.
Et, par ailleurs, l'île de la Désirade gardera le souvenir de tous ces hommes, dont particulièrement Bertrand Berchel, président fondateur de l'Amicale des marins, de la Société maritime, de la Coopérative des marins de La Désirade et ancien chef des sapeurs-pompiers, sur place. Un mémorial a été érigé en leur honneur, non loin de l'église de Beauséjour, jumelé au monument à la gloire des marins.