La décision est tombée dans l’après-midi de ce mardi 29 mars 2022 : François Vatel, plus connu sous son nom d’artiste "Edson X", a été condamné, par le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, à 6 mois de prison avec sursis et 1000 euros d’amende.
Il devra aussi effectuer un stage de citoyenneté. L’homme a été reconnu coupable d’avoir proféré des propos diffamatoires et de l’ordre de l’injure publique, contre l’animatrice de radio Judith Symphorien.
Cette dernière percevra 5000 euros de dommages et intérêts. Le condamné devra également verser 2000 euros à son employeur, RCI.
Jugé dans la matinée, Edson X a brillé par son absence, à l’audience.
Des propos violents
Les paroles retenues contre Edson X avaient été largement relayées, via un audio, sur les réseaux sociaux. Un enregistrement qui remonte au 17 août 2021, au plus fort de la très meurtrière quatrième vague de l’épidémie de Covid-19, en Guadeloupe.
Ce jour-là, Judith Symphorien s’était émue du nombre d’avis de décès (il y avait 137 noms, du jamais vu dans l’archipel) et appelait la population à "s’organiser", pour stopper cette hécatombe.
Quelques-uns ont pensé que la professionnelle plaidait pour la vaccination anti-Covid, impopulaire auprès d’une large tranche de la population locale ; beaucoup l’ont verbalement lynchée, notamment sur Internet.
Parmi eux, François Vatel, commercial de profession, en plus d’être rappeur ; celui-ci a traité l’animatrice de "complice de génocide", en ajoutant "fucking journalist, on va te retrouver".
Les journalistes de Guadeloupe La 1ère avaient d’ailleurs aussi été éclaboussés, dans cette intervention.
Sitôt identifié, puis entendu, François Vatel avait affirmé aux enquêteurs qu’il s’agissait d’une conversation privée, diffusée à son insu.
Le procès
L’animatrice radio et son employeur étaient représentés, à l'audience du jour, par Maîtres Evita Chevry, Roland Ezelin et Sarah Aristide. Selon cette dernière, le prévenu "exprime une vision primaire et imbécile. C’est un petit monsieur qui a un tel mépris des femmes qu’il n’ose les affronter directement".
Judith Symphorien a, elle, fait part de son trouble, alors qu’elle dit avoir toujours agit avec empathie, avec ses auditeurs, depuis 39 ans qu’elle fait de l’antenne.
Pour le Parquet, les faits étaient parfaitement constitués. Le ministère public avait requis 6 mois de prison avec sursis, 1500 euros d’amende et un stage de citoyenneté. Un réquisitoire que Maître Aristide a elle-même jugé "sévère", mais "à la hauteur des propos qui ont été tenus, des injures qui ont été tenues, de la diffamation et des menaces".
On est sur des infractions qui, malheureusement, ne sont pas suffisamment sanctionnées. Peut-être que, justement, je pense que l’on n’est pas à l’abri d’une aggravation des sanctions que l’on risque, suite à des dérives via tous les réseaux sociaux.
Maître Sarah Aristide, avocate de Judith Symphorien et de RCI
Il faut aussi noter que le casier judiciaire d’Edson X comporte huit mentions, pour rébellion, port d’armes, ou encore menace de mort.