Donald Trump a déjoué tous les pronostics. Contre toute attente, le milliardaire entre dans l'histoire, mardi 8 novembre, en devenant le 45e président des Etats-Unis, à l'issue d'une élection des plus tendues. Le républicain a battu la favorite, candidate du parti démocrate, l'expérimentée Hillary Clinton, ancienne sénatrice et secrétaire d'Etat. Le magnat de l'immobilier doit notamment son succès à sa victoire dans trois Etats clés : la Floride, l'Ohio et la Pennsylvanie.
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Une candidature moquée à ses débuts
Quand le milliardaire s'est lancé dans la course à la Maison Blanche en annonçant sa candidature aux primaires républicaines, en juin 2015, personne n'y croyait vraiment. Ni les cadors du parti, convaincus de la probable victoire de Jeb Bush, le frère de l'ancien président George W. Bush. Ni la presse, qui raillait la "quête improbable" du businessman, qualifié de "clown" par certains médias.
Car oui, Donald Trump a fait parler de lui ces dernières années, mais plus souvent dans les pages people des magazines que dans les colonnes des éditorialistes politiques. Le milliardaire, dont l'étendue de la fortune est contestée, est notamment revenu sur le devant de la scène avec "The Apprentice", une émission de télé-réalité à succès, suivie par des millions de téléspectateurs, dans laquelle il interprète un recruteur tyrannique face à des candidats prêts à tout pour intégrer son empire.
"Rendre à l'Amérique sa grandeur"
Pas vraiment le CV classique d'un prétendant au bureau ovale, mais Donald Trump a toutes les compétences requises pour crever l'écran. Dès son premier discours, le candidat sait manier la polémique pour s'attirer le maximum de couverture médiatique. Pour dénoncer "la mort du rêve américain", il trouve un bouc émissaire : les immigrés, venus de l'autre côté du Rio Grande, qu'il veut bloquer par un gigantesque mur construit à la frontière. "Quand le Mexique nous envoie ses gens, il ne nous envoie pas les meilleurs, lance-t-il. Ils envoient les gens qui ont beaucoup de problèmes. (...) Ils apportent avec eux la drogue, ils apportent le crime. Ce sont des violeurs."
Les propos suscitent immédiatement une levée de boucliers outre-Atlantique. Les meetings de Donald Trump sont perturbés par des activistes. Le milliardaire perd même des contrats avec de grosses entreprises, dont NBC, le diffuseur de "The Apprentice". Peu importe. "Je n'ai pas le temps pour le politiquement correct", se plaît-il a répondre. Mais quand Donald Trump promet de "rendre à l'Amérique sa grandeur", ce discours sur le déclassement du pays, isolationniste, anti-immigration et anti-establishment, résonne avec une partie de l'électorat blanc, qui se juge laissée de côté par la politique actuelle.
La machine est lancée. A la veille de l'officialisation de sa candidature, il n'était crédité que d'environ 2,5% des intentions de vote. En quelques jours, tout s'accélère : dès juillet 2015, il s'installe en tête des sondages des primaires républicaines. Une pôle position qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin de la compétition. Ses adversaires se révèlent impuissants à contrer son ascension : même Jeb Bush, l'ancien favori, doit jeter l'éponge, ridiculisé par le magnat de l'immobilier. Bon gré, mal gré, les républicains sont obligés de se résigner : contesté dans son propre camp, Donald Trump est tout de même investi candidat du parti en juillet 2016.
Une campagne violente, émaillée par les scandales
Sa rivale côté démocrate, l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton, est une politicienne confirmée, l'incarnation même de "l'élite" que Donald Trump dénonce à longueur de meetings. Face à elle, le businessman manie l'invective : il qualifie son adversaire de "corrompue", soutient que sa place devrait être en prison et dénonce une élection "truquée" par les grands médias. La campagne est assurément la plus violente de l'histoire moderne des Etats-Unis.
Visiblement, certains Américains se lassent des polémiques entretenues par le milliardaire, rattrapé par plusieurs scandales. Donald Trump décroche dans les enquêtes d'opinion, plombé par de vieux propos sexistes et accusé d'agressions sexuelles par plusieurs femmes. A la veille du scrutin, le site Fivethirtyeight (en anglais), spécialisé dans l'analyse des sondages, ne lui donnait qu'une chance sur trois de s'installer à la Maison Blanche. L'outsider a finalement triomphé.