Des résultats d'élections législatives qui ne manqueront pas de susciter de nombreux commentaires, tant pour ce qui concerne les élus, que pour les battus de ce second tour de scrutin.
D'abord, pour ce qui concerne les élus de ces législatives, on exceptera celui de la 4ème circonscription, Elie Califer, qui ne constitue pas une surprise en soi, puisqu'il a certes vu son élection officialisée par le vote de ce samedi, mais cette élection permet simplement à la Fédération Socialiste de conserver le siège acquis depuis Victorin Lurel, en 2002.
Plus surprenante aura été la nette avance du député de la 1ère circonscription sur son adversaire de la FRAPP. Olivier Serva est élu avec 74,04 % des voix. alors que Dominique Biras n'en obtient que 25,96 %. Malgré ses tergiversations politiques le faisant passer de la majorité présidentielle, durant la précédente législature, au camp de la NUPES depuis ces élections législatives, les électeurs ne semblent pas lui en avoir tenu rigueur, voyant en lui un représentant de l'opposition au Président de la République.
C'est probablement ce qui a permis à Christian Baptiste de s'imposer largement sur la députée sortante Justine Bénin. Le maire de Sainte Anne réunit 58,65 % des voix sur son nom, tandis que Justine Bénin n'obtient que 41,35 % des voix. La Secrétaire d'Etat paie sa fidélité politique à l'actuelle majorité présidentielle et son engagement à toute épreuve en faveur de la politique gouvernementale.
Quant à son sort ministériel, il dépend désormais du scrutin national de ce dimanche et de la volonté du Président de la République, dans le cas où il garderait sa majorité à l'Assemblée Nationale.
L'émergence du Rassemblement National
Un engagement que Max Mathiasin avait progressivement allégé, particulièrement à partir de la crise sanitaire et la contestation vaccinale. Le député de la 3ème circonscription réussit à garder son siège de député, non sans avoir craint de voir le couperet passer très près de lui. Il obtient 52,12 % des voix, contre 47,88 % pour Rody Tolassy.
En l'occurrence, la performance non négligeable réalisée par son adversaire Rody Tolassy offre à ce dernier une véritable reconnaissance sur la scène politique guadeloupéenne. Loin d'être une simple défaite, son résultat souligne très clairement la progression des idées du Rassemblement National en Guadeloupe, obligeant peut-être certains qui les croyaient marginales, à reconfigurer leur logiciel politique.
Un scrutin riche d'enseignements pour l'échiquier politique guadeloupéen
Sur le plan politique, la victoire des candidats "anti-Macron" en Guadeloupe ne constitue pas pour autant un promontoire pour l'un ou l'autre des partis de cette mouvance. Si le positionnement politique d'Elie Califer et Christian Baptiste est plutôt clair, il est plus difficile d'établir celui d'Olivier Serva et Max Mathiasin. Ces deux anciens soutiens à la politique gouvernementale étant en migration, on ne sait pas encore où ils siégeront vraiment à l'Assemblée. Pour Olivier Serva, son adoubement par Mathilde Panot au nom de la France Insoumise ne peut faire oublier que les militants locaux de ce même parti national n'ont pas appelé à voter pour lui.
Quant à Max Mathiasin, son intention annoncée de rejoindre un hypothétique groupe parlementaire des ultra-marins est loin d'être acquise. Evoquée avant le 1er tour par Marie-Luce Penchard, un tel groupe parlementaire ne peut exister que si les députés adoubés ou soutenus pas des partis nationaux, ne vont pas siéger avec ces partis pour demeurer dans ce groupe ultramarin. Ce qui est bien loin d'être sûr.
Pour autant, si on ne sait pas ce que certains partis politiques locaux peuvent avoir gagné dans ces élections, on sait en tout cas celui qui avait fort à perdre dans cet "anti-macronisme" aveugle : Le GUSR. Parti fort de l'échiquier politique guadeloupéen, il est aussi le principal soutien du Président de la République. Un positionnement qui aura coûté cher aux candidats soutenus par lui.
De plus, l'échec de Marie-Luce Penchard aura aussi illustré son incapacité à faire régner une discipline de parti dans ses rangs ; peut-être d'ailleurs parce que, avant d'avoir constitué une force politique homogène, il a beaucoup misé sur les "anti-socialistes et anti-Lurel". Une position plus électoraliste qu'un concept politique.
De fait, le parti de Guy Losbar est victime de ses propres "anti" et tombe lui-même en raison d'une autre dynamique "d'anti". Elle aura vu successivement, son absence réelle dans la 1ère circonscription, l'effondrement de Ferdy Louisy et Marie-Luce Penchard au 1er tour, puis celui de Justine Bénin au deuxième tour.
Nul doute que l'après législatives sonnera comme l'heure d'une remise à jour pour le GUSR.
Saint Martin choisit la majorité présidentielle
Si la Guadeloupe tourne résolument le dos à la majorité présidentielle Saint Martin fait le choix inverse. Lors de l'élection de 2017, elle avait envoyé un député proche des Républicains, Daniel Gibbs. Ce dernier avait laissé le siège à sa suppléante pour présider la Collectivité territoriale de Saint Martin.
Cette année, si Saint-Barthélemy lui a renouvelé sa confiance, Saint-Martin a préféré conforter la nouvelle majorité de sa Collectivité en envoyant à l'Assemblée Nationale l'actuel Vice-président de la Collectivité territoriale, Frantz Gumbs. De fait, comme un retour de balancier, les élections législatives semblent être influencées par la proximité avec l'élection territoriale et l'électorat Saint-Barth étant moins nombreux que celui de l'île voisine, il ne peut compter faire pencher la balancer que dans le cas d'une relative égalité entre les finalistes d'une telle élection législative.
Résultats de la circonscription