Le tribunal administratif de Basse-Terre vient de condamner l'Etat à verser 10 000 euros de dommages et intérêts à un ex-détenu de la prison de Baie-Mahault, du fait de ses mauvaises conditions de détention, a annoncé l'avocat de ce dernier.
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La surpopulation dans les prisons en Guadeloupe est dénoncée depuis plusieurs années par le personnel pénitentiaire. Mais là, c'est un détenu qui accuse l'Etat d'atteinte caractérisée à sa dignité. Le tribunal administratif vient de lui donner raison et a condamné l'Etat à lui verser la somme de 10 000 euros.
Le détenu de 41 ans, qui purge une peine de 18 ans de prison pour meurtre, et a depuis été transféré dans l'Hexagone, a vécu dans "des conditions absolument terribles", selon son avocat, "entassé avec deux autres personnes" dans une cellule d'angle de 8,7m2 "censée accueillir deux personnes".
Une fois la place des meubles et des sanitaires enlevée, "il reste moins d'un m2 par personne", dit-il. "En dessous de 3m2 par personne, c'est un traitement inhumain et dégradant selon la jurisprudence de la cour européenne des Droits de l'Homme", précise Me Noël.
Le jugement datant de mardi estime en effet que "le requérant a subi sur une longue période une promiscuité excessive, restreignant les possibilités de préserver son intimité et portant une atteinte caractérisée à sa dignité". Donnant l'exemple des toilettes qui "ne bénéficiaient pas d’un cloisonnement complet pendant les deux premières années de sa détention, laissant ainsi les bruits et les odeurs se répandre sans protection dans la cellule et que cette situation était aggravée par l’absence de ventilation mécanique de la cellule".
Pour Eric Pétilaire, secrétaire régional de la CGT Pénitentiaire, "l'Etat doit maintenant expliquer au contribuable pourquoi il doit payer 10 000 euros à une personne en prison".
"On est à 780 détenus pour une prison construite pour 500 places", déplore-t-il une nouvelle fois. En janvier, les gardiens de Fond Sarail s'étaient mobilisés pour dénoncer la surpopulation carcérale et les conditions de travail qui en découlent.
En juillet 2017, après l'évasion de deux détenus, Hubert Moreau, directeur interrégional, chef de la mission des services pénitentiaires de l'outremer, avait reconnu que la prison de Baie-Mahault détenait "l'un des taux d'occupation les plus élevés de France".
En 2010, le tribunal administratif de Rouen avait accordé des indemnités allant jusqu'à 17 500 euros à des détenus de la maison d'arrêt de la ville normande.
3 détenus dans moins de 9m2
"Je n'avais jamais obtenu des sommes aussi importantes", a affirmé à l'AFP Me Etienne Noël, indiquant que son client a été, pendant quatre ans, de 2012 à 2016, "entassé dans des cellules microscopiques" de la prison de Fond Sarail.Le détenu de 41 ans, qui purge une peine de 18 ans de prison pour meurtre, et a depuis été transféré dans l'Hexagone, a vécu dans "des conditions absolument terribles", selon son avocat, "entassé avec deux autres personnes" dans une cellule d'angle de 8,7m2 "censée accueillir deux personnes".
Une fois la place des meubles et des sanitaires enlevée, "il reste moins d'un m2 par personne", dit-il. "En dessous de 3m2 par personne, c'est un traitement inhumain et dégradant selon la jurisprudence de la cour européenne des Droits de l'Homme", précise Me Noël.
Le jugement datant de mardi estime en effet que "le requérant a subi sur une longue période une promiscuité excessive, restreignant les possibilités de préserver son intimité et portant une atteinte caractérisée à sa dignité". Donnant l'exemple des toilettes qui "ne bénéficiaient pas d’un cloisonnement complet pendant les deux premières années de sa détention, laissant ainsi les bruits et les odeurs se répandre sans protection dans la cellule et que cette situation était aggravée par l’absence de ventilation mécanique de la cellule".
780 détenus pour 500 places
Le ministère de la Justice et les Hautes instances représentatives des prisons en outremer n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.Pour Eric Pétilaire, secrétaire régional de la CGT Pénitentiaire, "l'Etat doit maintenant expliquer au contribuable pourquoi il doit payer 10 000 euros à une personne en prison".
"On est à 780 détenus pour une prison construite pour 500 places", déplore-t-il une nouvelle fois. En janvier, les gardiens de Fond Sarail s'étaient mobilisés pour dénoncer la surpopulation carcérale et les conditions de travail qui en découlent.
En juillet 2017, après l'évasion de deux détenus, Hubert Moreau, directeur interrégional, chef de la mission des services pénitentiaires de l'outremer, avait reconnu que la prison de Baie-Mahault détenait "l'un des taux d'occupation les plus élevés de France".
Plusieurs précédents
Basé à Rouen, Etienne Noël a défendu une trentaine de dossiers semblables aux Antilles depuis 2011, avec un record précédent d'indemnités de 7 500 euros pour un détenu de la prison de Ducos, en Martinique.En 2010, le tribunal administratif de Rouen avait accordé des indemnités allant jusqu'à 17 500 euros à des détenus de la maison d'arrêt de la ville normande.