Les fournisseurs des professionnels de la restauration inquiets face à la lenteur de la reprise

Des rougets créole en bassin d'élévage
La production s’entasse et les commandes se font rares. La reprise très lente de la restauration met les fournisseurs dans une situation difficile. Gaëlle Dumont, l’aquacultrice de la ferme du Bois Maher à Bouillante n’y échappe pas. Elle a un mal fou à écouler ses rougets créoles.
 
Aussi belle que soit la nage des rougets dans le bassin, c’est bien ailleurs que Gaëlle Dumont aurait préféré les voir. Il y a cinq ans, cette ancienne éleveuse de volaille s’est tournée vers la pisciculture. Pour réaliser cette transition au mieux, elle a reçu l’appui du FEADER et de la Direction de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt. Ensemble, ils ont conçu des bassins naturels alimentés par une déviation du cours de la rivière Pigeon.
 
Gaëlle Dumont, piscicultrice

 

Arrêt de la machine

La fermeture des restaurants déclarée par la mesure du confinement a mis un coup d’arrêt brutal au fonctionnement de la ferme aquacole. Un vrai coup dur pour Gaëlle Dumont qui avait réussi à se constituer un beau carnet de commande grâce aux professionnels du sud Basse-Terre. Ce sont donc deux ans de travail acharné mis sur pause. « Tout le monde jouait bien le jeu… ça avait bien pris, mais là, je n’ai aucune perspective. J’ai un restaurateur qui m’a dit qu’il pensait recommander, mais pas avant septembre. » déplore l’aquacultrice. Ceux qui ont gardé des commandes ont sensiblement baissé leur volume. « Au lieu de cinq kilos, certains m’en prennent trois. C’est surtout le cas de ceux qui n’ouvrent que le week-end. » Résultat, une chute de 90% de sa production. Elle ne peut plus compter sur le tourisme pour relancer la machine de la restauration, les conditions de voyage restant quand même très restrictives.
 

Miser sur la consommation locale

Comme beaucoup de fournisseurs, Gaëlle Dumont envisage de se repositionner sur le grand public en surfant sur l’engouement pour la consommation locale. Elle mise tout sur l’emplacement de son terrain qui sauvegarde sa production des pesticides et de la chlordécone. Faute de commande au gros, elle veut faire connaître au consommateur son produit ainsi que les recettes pour mieux le consommer. Une stratégie qui lui permettra de bénéficier des avantages d’une vente « du producteur à l’assiette. »