Fusillade de Poitiers : une rixe liée au trafic de drogue fait cinq blessés, tous mineurs, dont un en urgence absolue

Les forces de l'ordre en renfort dans le quartier des Couronneries à Poitiers après la fusillade de la soirée du 31 octobre 2024
Cinq adolescents âgés de 15 et 16 ans, dont un est entre la vie et la mort, ont été blessés par balles ce jeudi soir à Poitiers, a-t-on appris de source policière, les autorités liant la fusillade au trafic de drogue. Une rixe entre bandes rivales s'en est suivie. Selon le journal Le Parisien, des Guadeloupéens pourraient être impliqués. Une enquête pour tentative d'homicide a été ouverte.

Les forces de l'ordre sont intervenues vers 22H45, ce jeudi 31 octobre, après des coups de feu devant un restaurant dans un quartier populaire de la ville, trouvant un premier blessé au sol, touché par balle à la tête. Âgé de 15 ans, il a été hospitalisé en état d'urgence absolue, son pronostic vital étant engagé. Selon la même source, deux autres adolescents ont été blessés par balle, l'un de 16 ans à une épaule, l'autre de 15 ans à une cheville. Ils ont été pris en charge par les secours. Deux autres victimes âgées de 16 ans, blessées plus légèrement au cuir chevelu et à un pied, se sont présentées directement à l'hôpital. Une dizaine de douilles de calibre 22 ont été retrouvées par les enquêteurs, selon la même source.

Des tensions entre bandes rivales

Les faits se sont déroulés dans le quartier des Couronneries, classé prioritaire de la politique de la ville (QPV), où des renforts de forces mobiles seront déployés d'ici vendredi soir, a précisé le préfet de la Vienne, faisant état de "tensions entre groupes" après les faits. Selon le journal Le Parisien, des Guadeloupéens seraient impliqués dans la rixe qui s'est déroulée entre bandes rivales après la fusillade.


Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a évoqué sur BFMTV/RMC "une rixe entre bandes rivales qui a engagé plusieurs centaines de personnes" mais selon une source policière, les échauffourées n'ont concerné que "50 à 60 personnes", dispersées par les forces de l'ordre à l'aide de trois grenades lacrymogènes. Des renforts de gendarmerie notamment sont intervenus et le calme a été rétabli vers 23H30.

Lors de l'intervention des secours, plusieurs centaines de personnes étaient aux abords et une rixe a débuté, certains jeunes en désignant d'autres comme potentiellement proches de l'auteur présumé.

Jean-Marie Girier, Préfet de Haute Vienne

Dans la nuit, après le signalement d'un potentiel enlèvement, la police est intervenue dans un lieu proche des premiers faits, où une personne semblait retenue par une dizaine d'autres. Extrait de l'attroupement, cette dernière a été entendue par les enquêteurs. Une arme d'épaule et une arme de poing de calibre 22 ont été saisies lors de la perquisition d'un appartement.

Une enquête pour tentative d'homicide ouverte


Le procureur de la République à Poitiers, Cyril Lacombe, s'est exprimé ce vendredi soir sur l'affaire. Selon lui, le tireur "se serait livré à la vente de produits stupéfiants les jours précédents". Une enquête en flagrance pour tentative d’homicide a été ouverte par le parquet, a précisé le procureur. "Aucune dégradation n’a été commise tant sur les commerces que sur les véhicules stationnés", a-t-il également déclaré. À cette heure, aucune interpellation n'a eu lieu.

La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy, a évoqué "un épisode inédit" dans l'histoire de cette ville d'environ 90.000 habitants, qui "témoigne d'une évolution assez lourde de la société".

Selon le préfet, le quartier concerné, où vivent environ 10.000 habitants, abrite "deux ou trois points de deal qui sont importants et mobilisent beaucoup la police nationale au quotidien" mais il reste "relativement calme" : "il n'est pas tenu par les dealers même s'il peut y avoir des tensions", a dit M. Girier en appelant les familles "à ne pas laisser des mineurs dans la rue en soirée".

La maire de la ville, qui s'est rendue aux Couronneries vendredi matin, a souligné que le quartier avait beaucoup pâti des violences urbaines de l'été 2023 après la mort du jeune Nahel en région parisienne. Son centre commercial avait été incendié notamment. "On est à côté du commissariat qui n'a pas encore rouvert", a souligné Mme Moncond'huy devant la presse, plaidant pour un renforcement des moyens de sécurité sur le terrain.