Sa vocation d'enseignante, elle l'a ressentie alors même qu'elle était encore une élève du primaire, peut-être d'ailleurs parce que l'une de ses parentes, enseignante, avait su lui donner le goût de ce métier en lui accordant toute son attention.
Et lorsque sa mère décide de s'installer à Pointe-à-Pître pour assurer l'avenir de ses cinq enfants depuis longtemps orphelins de père, Ginette affirme déjà sa détermination pour devenir enseignante. D'abord au collège Dubouchage, puis au Lycée Michelet avant de conclure au Lycée Carnot.
Son bac en poche, elle est immédiatement nommée institutrice-directrice à l'école de Cul de Sac à Saint Martin.
L'année suivante, elle est déjà de retour en Guadeloupe et même à Sainte Anne où elle est affectée à l'école de Douville avant d'intégrer l'école où elle effectuera toute sa carrière, l'école de filles du Bourg de Sainte Anne.
Entre temps, Ginette Louis a rencontré Daniel Maragnès, un conducteur des Ponts et chaussées.
Dès lors, Ginette Maragnès verra défiler les années, les visages, les réformes, et même les noms que porte l'établissement où elle est affectée. Et désormais, c'est son nom que l'école porte.
Les visages de ses douze enfants qu'elle élève avec la fermeté qu'on lui connaît, parce qu'elle a un idéal pour chacun d'eux.
Et puis, bien sûr, ceux de ses élèves avec lesquels elle fait preuve de la même exigence. Parce que pour elle, c'est ainsi que l'on peut s'assurer de leur réussite. Elle n'aura de cesse de regretter la suppression de la morale des programmes scolaires.
Des récompenses, Ginette Maragnès en aura eu tout au long de sa carrière, couronnant chaque fois les mérites d'une passionnée de l'enseignement et surtout, de l'éducation des enfants.
D'ailleurs, pour l'occasion, ses enfants ont reconstitué dans le jardin où elle sera fêtée ce lundi, une classe d'antan, comme toutes celles où elle a si longtemps évolué. Même si, c'est vrai, l'école fait désormais partie de ses beaux mais lointains souvenirs
Aujourd'hui, mère, grand-mère, arrière-grand-mère, elle reste dans le coup. Elle a su maîtriser internet et ses multiples applications et ses parties de belotte sur la toile en attestent.
Pourtant, même si ce centième anniversaire ne lui confère aucun titre, il aura pour elle une valeur inestimable : le seul titre que la vie elle-même lui décerne pour un engagement exemplaire et sans limite.
Aujourd'hui, ceux qui la fêteront l'appelleront "maman, mamie, grand-mamie", mais pour beaucoup à Sainte Anne, elle est celle qu'on continuera d'appeler "Madame Maragnès" et tout ce que cela signifie pour chacun.