La cour Selbonne, où cohabitent insalubrité, marchands de sommeil et risques en tous genres

Fonds Laugier : au cœur de l'habitat précaire ©Marie-Lyne Plaisir et Mickaël Bastide- Guadeloupe La 1ère
Les cases de la cour Selbonne, à Pointe-à-Pitre, tiennent debout tant bien que mal, depuis 50 ans. Elles sont le décor d’un véritable labyrinthe, autant que les infrastructures électriques, de distribution de l’eau et d’assainissement, vieillissantes. Les allées étroites sont jonchés de déchets et encombrants divers. C’est là qu’un incendie s’est déclaré, lundi.

Partons en immersion à la cour Selbonne, entre Fonds Laugier et le morne La Loge, à Pointe-à-Pitre, où un incendie a ravagé une habitation en bois et en tôles et risquait de gangréner les autres maisons avoisinantes, lundi 20 juin 2022.
Le sinistre, fort heureusement, n’a pas fait de victime, excepté un pompier intoxiqué par la fumée et mis sous oxygène.
Trente personnes ont dû être évacuées de la zone.

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Un quartier insalubre

Sur place, les habitants vivent dans la promiscuité. Les allées entre les logements, souvent précaires et de fortune, sont étroites ; par endroits, les lieux ont des allures de labyrinthe.
L’insalubrité est partout : cases délabrées, canaux d’eau croupie, débris divers, déchets jonchant le sol, espaces verts non entretenus...
Les infrastructures, notamment électriques et de distribution de l’eau potable, sont d’un autre temps. Par exemple, plusieurs dizaines de fils électriques enchevêtrés sont raccordés à un même poteau, juste au-dessus des habitations.

On ne sait pas si ce sont des branchements légaux, ou illégaux... Mais ça représente un véritable danger. Ce sont tous les fils d’électricité et de téléphone qui touchent un petit peu les toits des maisons.

Nadia Davila, habitante de Fonds Laugier

Ainsi, les conditions étaient réunies, pour la propagation du feu.

Le quotidien est difficile et le risque est partout, dans le quartier.

Toutes ces évacuations d’eaux usées entrainent une prolifération de moustiques et, bien entendu, le risque que l’on encoure, c’est la dengue.

Nadia Davila, habitante de Fonds Laugier

Temple de marchands de sommeil

A Fonds Laugier, des propriétaires indélicats logent des familles, notamment des étrangers, dans des espaces indignes.
Armande, qui a fui Haïti, fait partie de ces locataires qui, faute de choix, accepte de verser 300 euros mensuellement, pour avoir un semblant de toit.
Idem pour marie, qui préfère rester discrète sur le loyer qu’elle paie chaque mois :

Nous sommes locataires depuis 40 ans, ici. C’est mon mari qui paie, c’est privé. Toutes les réparations, c’est nous qui les faisons.

Marie, habitante de Fonds Laugier

Ces familles vivent, avec leurs enfants, dans des conditions déplorables.
Mais nul ne semble s’en soucier.