Les magistrats de Guadeloupe solidaires du mouvement national contre la politique du garde des sceaux

Les magistrats de France manifestent pour la séparation des pouvoirs, ainsi que l'indépendance de la justice et contre la politique du garde des sceaux. Ceux de Pointe-à-Pitre sont solidaires de ce mouvement national et se sont rassemblés, hier, devant le palais de justice de Pointe-à-Pitre.

Débrayage des magistrats

Dix magistrats étaient rassemblés, ce jeudi 24 septembre 2020, à 13h00, devant le tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre. Ils n'étaient, en fait, que dix, parce que c'est la limite maximale autorisée, pour tout rassemblement, dans l’espace public, au regard des mesures de lutte contre la Covid-19. Mais c’est bien l’ensemble des magistrats (soit 34 professionnels, au total, à Pointe-à-Pitre), qui soutient le mouvement national, contre la politique du garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti.
Des manifestations se sont tenues devant de nombreuses juridictions, partout en France. Et le rassemblement, localement, a été organisé à l’appel des deux principales organisations syndicales : l’Union syndicale de la magistrature (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) ; ce qui est assez rare.
Ces deux syndicats dénoncent notamment les récentes décisions d’Eric Dupond-Moretti, concernant le parquet national financier (PNF) et l'école nationale de la magistrature (ENM). La séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice ne sont plus garanties, selon eux.
En quoi cela concerne la Guadeloupe ?
Serge GRAMMONT est vice-président, juge des libertés et de la détention au tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre et délégué régional de l’Union Syndicale de la magistrature, syndicat majoritaire. Il est au micro d'Eric Stimpfling :
©Guadeloupe La 1ère


Motion

A cette occasion, les magistrats mobilisés ont lu une motion, dont nous vous proposons le contenu complet ci-dessous :

"Les magistrats du siège et du parquet du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre, réunis en assemblée générale ce 23 septembre 2020, confrontés à la décision du garde des Sceaux de saisir l’Inspection générale de la Justice d’une enquête administrative contre trois magistrats, publiquement et nommément visés, du parquet national financier et aux propos que le garde des Sceaux a pu tenir ces derniers jours sur le corporatisme des magistrats : 
 
Dénoncent le conflit d’intérêt majeur dans lequel se situe le garde des Sceaux, qui a mis en cause le parquet national financier et déposé plainte il y a moins de six mois, précisément au sujet de la procédure à l’origine de cette enquête administrative ;
 
S’inquiètent du fait que l’enquête administrative annoncée par le garde des Sceaux jette le discrédit sur le parquet national financier, à l’aube de la tenue d’un procès particulièrement sensible;

S'inquiètent également des critiques infondées l’ENM;
 
Considèrent que la vision de la magistrature véhiculée par le Garde des Sceaux est erronée, que la magistrature est plus diverse que la présentation qui en est faite, qu'à titre d'exemple la moitié des magistrats du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre a eu une expérience professionnelle antérieure, et que la qualité de la formation reçue à l'ENM est de nature à garantir la compétence professionnelle des futurs magistrats ainsi que leur ouverture à la société;
 
Déplorent la tentative du ministre de la Justice de réduire les réactions de la magistrature et de ses représentants à un simple réflexe corporatiste et affirment au contraire que la dénonciation de tels dysfonctionnements est essentielle à la préservation de notre Etat de droit;
 
Constatent que le ministre de la Justice, sous couvert d’un discours d’ouverture et de transparence, met à mal des principes démocratiques tels que celui de la séparation des pouvoirs, au profit d’intérêts privés ;
 
En appellent en conséquence le président de la République à agir en responsabilité en tant que garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire face à un ministre de la Justice ayant perdu sa crédibilité."


 

"Point de corporatisme, mais de la Démocratie"

A consulter aussi : le communiqué de presse, édité au niveau national.