Le 27 mai 1848, le gouverneur de la Guadeloupe, Jean-François Layrle, proclame l’abolition de l’esclavage dans l’île.
Une liberté octroyée, alors même que le texte de loi voté par Paris, un mois plus tôt, n’est pas encore parvenu dans la colonie. C’est que devant l’impatience des esclaves, le gouverneur Layrle n’a pas vraiment le choix.
Les autorités traînent des pieds
Au moment où le gouverneur Jean-François Layrle est averti par courrier de l'émancipation décrétée en Martinique, la Guadeloupe est depuis près d'un an en pleine turbulence. Les événements parisiens sont connus. Il ne fait aucun doute que les jours de l'esclavage sont comptés.
Mais voilà, essentiellement pour des questions de gros sous, c'est-à-dire, l'indemnisation des anciens propriétaires, les débats durent...
Devant l'inéluctable, les autorités coloniales jouent la montre et font preuve d'une relative mansuétude vis-à-vis des esclaves. C'est ainsi, que l'on peut constater une augmentation importante du nombre d'affranchissements.
Les esclaves refusent d'attendre plus longtemps
Mais, pour autant, chez les esclaves, la colère monte. En mars, puis en avril, les appels au calme du gouverneur se multiplient. En gros, il confirme que la liberté va être octroyée mais qu'en attendant, il s'agit de faire preuve de patience et de soumission à ceux qui demeurent encore les maîtres. Mais, rien n'y fait...
Début mai, on évoque le rassemblement de près de 13 000 esclaves au niveau de la Rivière-Salée.
Du jamais vu en Guadeloupe.
Il n'est plus temps d'attendre.
Le gouverneur décide alors de convoquer en urgence, le 27 mai 1848, à 6 heures, le conseil privé chargé de l'assister. Un seul point est à l'ordre du jour : l'abolition immédiate de l'esclavage. Trois heures après, le vote de l'Assemblée en faveur de l'abolition est unanime. Et dans la foulée, une proclamation est rédigée.
L'arrivée du texte officiel, de Paris, le 5 juin, ne fera que confirmer un état de fait.
Le délai d’acheminement oblige, l’abolition a été décrétée le 28 mai à Saint-Martin. Quant à Saint-Barthélemy, compte tenu de ses liens avec la Suède, l’abolition de tous les esclaves y intervient le 9 octobre 1847 soit plusieurs mois avant que l’abolition ne soit prononcée à Paris.
Cet article a été publié pour la première fois le 27 mai 2022.