Incendies meurtriers à Hawaï : la Guadeloupe n’est pas à l’abri d’une telle catastrophe

Paysage de désolation laissé à Lahaina (Hawaï), par les incendies meurtriers - août 2023.
Comment expliquer qu’une île tropicale humide comme Hawaï ait vécu une telle vague d’incendies, la semaine dernière ? Le réchauffement climatique et les catastrophes qu’il génère sont pointés du doigt, par les experts. Mais alors, la Guadeloupe peut-elle aussi vivre un tel sinistre de grande ampleur ? La réponse de Jean-Marie Flower, ci-dessous.

Le bilan provisoire humain des incendies franchit la barre tragique des 100 morts, à Hawaï ; l’annonce a été faite par le gouverneur de cet archipel américain du Pacifique, Josh Green. Le dernier bilan des victimes fait état de 106 personnes tuées ; seuls cinq corps ont pu être identifiés, à ce jour.

Les flammes monstres des 8, 9 et 10 août dernier, parties de friches à l’abandon et véhiculées par un vent soutenu, ont particulièrement touché la principale ville de l’île de Maui ; Lahaina a été quasiment anéantie, ravagée à 80%. Des habitants évoquent un sinistre "aussi intense que l’enfer".

Le territoire vit actuellement une sévère sécheresse. Le réchauffement climatique est à l’origine, selon les experts, de multiples événements météorologiques extrêmes, partout sur le globe : des vagues de chaleur intense, des températures records des océans, des chutes de grêle, des séismes, des tornades, ici et là

L’incendie de Lahaina est la pire catastrophe naturelle connue par Hawaï, depuis les années 1960. Ce feu est le plus meurtrier survenu aux Etats-Unis, depuis plus d’un siècle. Le président américain, Joe Biden, a annoncé sa venue sur place le lundi 21 août.

La Guadeloupe, qui présente sensiblement les mêmes caractéristiques que l’archipel d’Hawaï, peut-elle être préservée d’un tel chaos ? Non, du point de vue de l’écologue Jean-Marie Flower.

Hawaï, la Guadeloupe, deux archipels humides tropicaux

Tout comme les îles de Guadeloupe, Maui et ses voisines sont tropicales et humides. Avec le dérèglement climatique et l’arrivée des espèces invasives, la situation devient complexe, y compris chez nous, comme l’explique l’écologue Jean-Marie-Flower :

On a l’image d’un climat tropical humide à Hawaï, mais ce n’est pas aussi simple que ça ! Comme en Guadeloupe, il y a des zones qui sont très sèches (...). C’est, comme en Guadeloupe, une sorte de déprise agricole, puisque la canne-à-sucre est en déclin continu depuis le milieu du XXème siècle (...) et donc il y a eu un enfrichement, une invasion d’espèces exotiques qui, avec la sécheresse sont devenus des combustibles.

Jean-Marie Flower, écologue

Les îles des Antilles françaises ont, dans le passé, aussi été concernées par des incendies difficiles à contrôler, rappelle Jean-Marie-Flower :

Ici même, on a régulièrement des feux de champs de cannes qui, parfois, deviennent très rapidement incontrôlables, parce qu’ils arrivent en fin de saison sèche.

Jean-Marie Flower, écologue

Pas trop tard pour bien faire...

La Guadeloupe n’est donc pas à l’abri d’une catastrophe similaire à celle qui a tué tant de personnes, à Hawaï. Mais, sachant cela, il n’est pas trop tard pour s’en prémunir, rassure Jean-Marie-Flower :

Contre les incendies, d’une façon générale, plus on a de la végétation autochtone, boisée, plus on a de la forêt, plus l’humidité peut être gardée dans le sol, dans les couches basses des sols et moins la végétation est inflammable.

Jean-Marie Flower, écologue

Jean-Marie Flower termine donc son discours sur une note d'espoir, qui mérite d'être entendue et suivie d'effets.