Des parkings sous les eaux, des voitures totalement submergées… La ville de Pointe-à-Pitre s’est réveillée groggy et trempée après une nuit de précipitations et d’inondations…. Les dégâts matériels sont considérables.
Des ouvrages d'évacuation inadaptés ou trop peu nombreux
Pour comprendre les nombreuses inondations à Pointe-à-Pitre, "il faut faire un peu d'Histoire", selon Michèle Robin-Clerc, architecte et urbaniste.
La rue Frébault et le boulevard Légitimus formaient un canal, avant, explique-t-elle. Il en était de même pour le boulevard Hanne et la rue Vatable. Ces canaux ont été bouchés, pour y construire progressivement la ville que nous connaissons.
Un ouvrage d'évacuation des eaux a été mis en place sous la rue Vatable, "mais il a un diamètre assez petit. On en a mis un le long du boulevard Hanne, mais on en a pas mis rue Frébault" déplore l'architecte.
Arrivent à Pointe-à-Pitre le canal de Chauvel, toutes les eaux qui viennent de Besson, le canal de Sonis, qui tourne pour aller au Carénage. Toutes ces eaux vont tout droit et finissent dans, ce que l'on appelle, le canal du boulevard Hanne et vont se jeter dans la mer au niveau de Bergevin.
Michèle Robin-Clerc, architecte-urbaniste
Les revêtements imperméables posent problème dans cette zone
Mais l'urbaniste persiste et signe, ces ouvrages sont de "tailles insuffisantes". De plus, ajoute-t-elle, "la ville de Pointe-à-Pitre est très minéralisée, tout est bitumé".
Michèle Robin-Clerc regrette le choix du revêtement de la place du marché, par exemple. Un revêtement poreux devait y être posé, finalement préféré à un revêtement calcaire, donc imperméable, explique la spécialiste. Autre site imperméable, selon elle, la Place de la Victoire. "Les eaux arrivent et ne trouvent pas d'exutoire vers la mer car en trop grandes quantités".
Pour résoudre ce problème, il faudrait remettre un canal sous la rue Frébault, élargir celui qui est sous la rue Vatable et que le boulevard Hanne devienne un grand bassin de rétention - à l'instar du rond-point Grand Camp qui fonctionne très bien - avec une chaussée poreuse.
Michèle Robin-Clerc
Selon l'architecte, il est essentiel que la ville se dote de revêtements poreux pour que l'eau, au lieu de ruisseler, s'infiltre dans le sol.
Des travaux d'envergure plus que jamais nécessaires
Et Michèle Robin-Clerc de rappeler que Pointe-à-Pitre n'existait pas au XVIIIe siècle. La ville a été bâtie sur des marécages.
D'où la nécessité d'avoir "un vrai assainissement" de Pointe-à-Pitre. Un gigantesque chantier avec des infrastructures qui coûtent chères. "En même temps, les crédits sont très faciles à trouver pour faire cela" précise-t-elle.
Des actions prochaines menées par les EPCI
La solution serait donc entre les mains des élus guadeloupéens. Pour Fabert Michely, conseiller communautaire de Cap Excellence, vice-président de la commission "Grand et petit cycle de l'eau, il y a une "volonté politique pour améliorer le quotidien de la population".
L'élu l'assure des démarches ont été faites depuis 2014. Tout d'abord une action de prévention des inondations avec les 6 communes des Grands-Fonds, Gosier, Abymes, Morne-à-l'Eau, Sainte-Anne, Moule et Pointe-à-Pitre. Des études sur l'écoulement des eaux pluviales ont été lancées.
Des travaux seront engagés pour réguler les eaux.
La GEMAPI qui correspond à la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations est la compétence des établissements publics de coopération intercommunale, est en oeuvre, selon le conseiller communautaire de Cap Excellence.
A (re) voir l'intervention de Fabert Michely , invité du journal télévisé du 30 avril 2022 présenté par Eric Rayapin :