Jeunesse en difficulté : la CRC épingle une association, pour sa gestion

6,5 millions d'euros. C'est le montant du budget alloué à l'APISEG, association qui prend en charge des mineurs ou de jeunes majeurs bénéficiant d’une mesure d’aide sociale à l’enfance ou d’une protection judiciaire de la jeunesse. Mais cet argent n'est pas utilisé à bon escient, selon la CRC.

A l’heure où l'Etat travaille à l’élaboration d’un Plan jeunesse pour la Guadeloupe, avec la collaboration de contributeurs divers, les acteurs économiques et sociaux, invités à participer à une vaste consultation, la CRC (Chambre Régionale des Comptes) vient d’épingler l’Association pour la Prévention et l’Insertion Socio-Éducative en Guadeloupe (APISEG).

Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes

Pour la CRC, les rôles sont confus, au sein de cette structure. On ne sait pas qui fait quoi, entre le conseil d'administration, l'assemblée générale et le bureau, souligne la Chambre.
Lors des conseils d'administration, les délibérations sont adoptées alors que le quorum n'est pas atteint ; ces délibérations ne sont donc pas valides.
Les membres sont peu nombreux à assister aux assemblées générales ; en outre, ils sont peu actifs, juge la juridiction. Par exemple, le montant de la cotisation n'a pas été réévalué, depuis la création de l'association, soit depuis 27 ans ; elle est toujours de 100 francs, puisqu'elle n'a même pas été convertie en euros.
Il y a trop d'emplois de direction, d'emplois administratifs, d'emplois de gestion. Trop d'emplois et, en même temps, trop de remplaçants. Si l'association veut continuer à exister, elle doit réduire le coût des personnels et, surtout, comprendre pourquoi tant de salariés sont absents.

Le taux d'occupation moyen des foyers d'hébergement est inférieur à celui du national. Cela, parce que les jeunes sont placés de préférence dans les foyers d'accueil, en dépit des places pourtant disponibles, dans les structures de l'association.
Donc la pérennité de l'APISEG pourrait être compromise, si rien ne change.

Quant aux enfants, que deviennent-ils ?
La bonne nouvelle c'est que le taux de scolarisation, dans les deux structures d'hébergement, est satisfaisant.

Mais l'APISEG ne suit pas la trajectoire, ni le parcours de ces enfants.
Or, savoir ce que les enfants accueillis, dans le passé, sont devenus permettrait de savoir ce qu'il faut améliorer, aujourd'hui.

L'APISEG en quelques mots

Créée en 1996, cette association est basée à Jarry, à Baie-Mahault.
Sa mission est, notamment, de prendre en charge des mineurs ou de jeunes majeurs bénéficiant d’une mesure d’aide sociale à l’enfance ou d’une protection judiciaire de la jeunesse.
Le département reçoit chaque année environ 1000 signalements d’enfants en situation de carences médicales, éducatives ou affectives.
Et l’APISEG est le seul opérateur d’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), apte à accompagner ces enfants, en Guadeloupe.

L’APISEG c’est 90 salariés.
L'association accompagne près de 980 enfants et adolescents et bénéficie d'un budget de 6 millions et demi de budget, financé par le Conseil départemental et la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).

Et la CRC a constaté pas mal de dysfonctionnements entre 2016 et 2019.