L'établissement public de santé mentale de Guadeloupe n’a plus sa certification

Etablissement public de santé mentale de Guadeloupe, Montéran, Saint-Claude
La certification de l’établissement public de santé mentale de la Guadeloupe n’a pas été renouvelée. Une décision d’une commission à la suite d’un rapport sévère sur la qualité des soins.

La certification de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de l’archipel n’a pas été renouvelée suite à un rapport d’experts venus inspecter l’institution il y a quelque temps.

Selon la Haute autorité de Santé, "en place depuis 20 ans, la certification est une procédure indépendante d’évaluation obligatoire du niveau de qualité et de sécurité des soins dans les établissements de santé, publics et privés". Une évaluation périodique qui se fait tous les 4 ans.

La décision est tombée le mois dernier. Le rapport souligne plusieurs points négatifs, notamment au niveau de la qualité des soins aux patients, et au niveau de la sécurité. Le site de Montéran, à Saint-Claude, est pointé du doigt pour non-respect des procédures de sécurité, des risques d’incendie et de panique. Autres griefs, les chambres d’isolement des patients à l’EPSM. 

Ce non-renouvellement de la certification pourrait avoir deux "conséquences immédiates", selon Ida Jhigaï, la directrice de l’établissement. D'une part, la diminution des dotations allouées à l'établissement. D'autre part, un accompagnement renforcé de l'Agence régionale de Santé. Point toujours en attente, précise la responsable de l'EPSM. 

Selon le rapport deux points d'anomalies ont été soulevés. Deux points négatifs reconnus par le centre de santé qui s'en explique. 

  •  Le circuit du médicament

Le centre de Montéran ne bénéficie pas d'une pharmacie à usage interne au sein de l'établissement et a comme prestataire la pharmacie du centre hospitalier de Basse-Terre. La pénurie de pharmaciens durant la période Covid et après la crise sanitaire a eu des conséquences, selon Ida Jhigaï.

  • L'absence de mobilier adéquat dans les chambres d'isolement 

Cette "anomalie se répète" reconnaît la directrice du centre de santé mentale. Elle avait déjà été formulée par les autorités de santé en 2015. Ces chambres utilisées en dernier recours, quand un patient ne peut être contenu, manquent de mobilier. Le coût estimé est de 400 000 euros. Pourtant, souligne Ida Jhigaï, des commandes sont en cours. Élément dont n'ont pas tenu compte les autorités, regrette la directrice. Elles ont estimé que "la mise aux normes n'est pas assez rapide". 

Globalement, l'établissement présente un score assez honorable mais pas suffisant du fait de ces fiches anomalies. 

Ida Jhigaï, directrice de l'établissement public de santé mentale de Guadeloupe

La cadre de santé l'assure, des réflexions sont menées depuis sa prise de poste, en janvier 2023. Un comité de pilotage de la qualité a été mis en place. 

L'établissement compte revoir son circuit du médicament en recrutant notamment un pharmacien, même sans pharmacie dédiée. 

De plus, affirme Ida Jhigaï, en un an, une quinzaine de psychiatres ont été embauchés, "ce qui permet de diminuer la durée d'hospitalisation et assure une meilleure prise en charge".

L'UTS-UGTG alerte

Pour l'UTS-UGTG, la surprise n'est pas totale. Christelle Antoine, secrétaire de section le martèle, plusieurs "signalements" ont été faits ces dernières années. Pour elle, ces deux années, qui permettront la mise en conformité du site et des soins sont primordiaux. 

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