L’habitat prend de plus en plus de place en Guadeloupe : +16% des espaces en 9 ans

Bourg de Sainte-Rose, une des communes de Guadeloupe où l'augmentation des espaces consommés pour l'habitat est la plus significative.
Entre 2010 et 2019, les surfaces consommées à des fins d’habitation ont augmenté de 16% en Guadeloupe, territoire insulaire ; cette proportion est l’une des plus élevées de France. Chaque nouvelle construction empiète sur des espaces naturels. Un phénomène dû à l’évolution de la société, mais à contrôler. La loi climat et résilience prévoit des garde-fous contre l’artificialisation des sols, dès 2050.

Une nouvelle publication de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), rédigée en partenariat avec la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL), parue ce jeudi 18 juillet 2024, dévoile que l’occupation du territoire de la Guadeloupe par des bâtiments d’habitation a augmenté de 16%, entre 2010 et 2019.

C’était l’objet d’une conférence de presse organisée en matinée, à Baie-Mahault.

Toujours plus d’habitats, au rythme des évolutions sociétales

A l’échelle nationale, l’archipel guadeloupéen figure parmi les départements ayant les plus fortes augmentations de "consommation d’espace liée à l’habitat", selon le jargon des statisticiens. 17 des 32 communes du territoire sont concernées, car elles accueillent davantage de ménages, en particulier Deshaies, Le Gosier, Les Abymes ou encore de Sainte-Rose.

Ces surfaces consommées représentent 1,2 % du territoire, soit 1 935 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ayant changé d’usage pour principalement développer l’habitat.

INSEE/ DEAL Guadeloupe – 18/07/2024.

En Guadeloupe, la consommation d’espace liée à l’habitat augmente de 16%, entre 2010 et 2019.

En parallèle, et cela est logique, on constate une hausse significative du nombre de logements construits ; il y en a eu 26.000 de plus, sur la période étudiée.

L’INSEE associe cette progression à une évolution sociétale : la taille moyenne des ménages est en diminution. En effet, les personnes cohabitent moins et, de fait, le nombre de personnes vivant seules croît.
Elle est aussi due à un autre phénomène : l’éclosion des résidences secondaires ou occasionnelles (+75,8%) ; les logements vacants sont aussi plus nombreux (+21,7%).

26.000 logements de plus en Guadeloupe, entre 2010 et 2019.

Si les familles optent pour de nouvelles constructions, c’est aussi parce que foule de biens sont abandonnés, en indivision ou inachevés. 

Ces types de logements ne consomment pas d’espace supplémentaire, cependant, ils ne répondent pas toujours aux attentes de la population qui se tourne vers d’autres options pour se loger.

INSEE/ DEAL Guadeloupe – 18/07/2024.

 

Une tendance à freiner ?

Cette hausse de la consommation des espaces liée à l’habitat pose problème, du point de vue des services de l’Etat qui voient, dans ce phénomène, une artificialisation des sols.

Les communes touristiques sont les plus touchées.

La consommation d’espaces évolue beaucoup dans les communes touristiques. Par exemple, vous avez cinq communes touristiques qui sont Le Moule, Deshaies, Saint-François, Le Gosier et Sainte-Anne qui, à elles seules, représentent 40% de la consommation d’espace, entre 2010 et 2019.

Ali Benhaddouche, chef du service territorial de l’INSEE Guadeloupe

Ali Benhaddouche, chef du service territorial de l’INSEE Guadeloupe

La France s’est fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021, l’objectif d’atteindre le "zéro artificialisation nette des sols" en 2050.

Cela ne signifie pas qu’on ne pourra plus construire. En revanche, si on construit sur une surface supplémentaire, cela devra être compensé par une remise à l’état naturel d’un espace déjà bâti.

Cette loi aura ainsi un impact sur les futurs Plans locaux d’urbanisme (PLU), notamment. 

Ce sont des chiffres sont importants, mais sont le reflet d’une ouverture à l’urbanisation, qui est actuellement possible à travers les documents d’urbanisme, qui sont relativement anciens sur le territoire. Et cette trajectoire de zéro artificialisation nette et de sobriété foncière passe par les différentes échelles de documents d’urbanisme, à savoir le Schéma d’aménagement régional (SAR) porté par le Conseil régional, les Schémas de cohérence territoriale (SCoT) qui devraient être portés par les intercommunalités et les PLU portés par les communes. De manière imbriquée, le PLU devra être conforme au SCOT qui, lui, devra se conformer au SAR.

Thierry Sabathier, directeur adjoint de la DEAL Guadeloupe

Thierry Sabathier, directeur adjoint de la DEAL Guadeloupe

C’est donc une autre vision du foncier qui doit être amorcée, du point de vue de l’Etat. Les terres doivent être considérées comme un patrimoine à préserver, en termes de paysage, de résilience alimentaire, de biodiversité... d’autant plus en territoire insulaire.

Un suivi régulier de la consommation des espaces sera réalisé, tous les 3 à 5 ans, pour en suivre l’évolution.