Les associations de consommateurs dénoncent depuis plusieurs années cette stratégie, en particulier concernant les machines à laver, dont la qualité baisse et dont les pièces détachées sont parfois introuvables.
Hannah Thomas en est un exemple parlant. Déconcertée, elle regarde avec frustration sa machine à laver, achetée il y a à peine cinq ans, déjà hors service. "Avant, on pouvait garder une machine pendant une dizaine ou même une quinzaine d’années," explique-t-elle avec regret. "Maintenant, elle dure deux, trois, quatre ans, et après, il faut en racheter une autre." Hannah, comme beaucoup, a décidé de se tourner vers un modèle neuf, même si la durée de vie de ces machines récentes l’inquiète.
À la déchèterie des Abymes, deux grandes bennes de 30 mètres cubes sont pleines de machines à laver en fin de vie. Ces appareils, tombés en panne peu après l’expiration de leur garantie, illustrent parfaitement l’obsolescence programmée.
L'extension de garantie, une bonne idée ?
Jeannie, venue se renseigner sur les nouveaux modèles dans une grande enseigne, déplore les garanties limitées à deux ans. Au-delà, explique-t-elle, c’est son porte-monnaie qui trinque. Pourtant, des extensions de garantie sont proposées, comme celle de 5 ans pour 150 euros. Mais est-ce une solution fiable ?
Charles Maurinier, vendeur d’électroménager, souligne que "les pièces d’une machine à laver peuvent coûter jusqu’à 250 euros", justifiant ainsi l’utilité d’une telle extension. Cependant, les chiffres sont implacables : la durée d’utilisation d’une machine à laver est désormais de 8 ans, contre 10 ans en 2010.
Après plusieurs pannes, le client se tourne vers du neuf
Ce phénomène n’a pas échappé à l’Union régionale des consommateurs. Son président, Judes Griffard, dénonce un "gâchis" et même une "arnaque", malgré les garanties proposées.
Selon lui, après plusieurs pannes, les consommateurs finissent souvent par acheter un nouvel appareil. Cette tendance entraîne non seulement des coûts insupportables pour les ménages, mais également un impact environnemental désastreux.
Face à cela, l’association milite pour une amélioration de la réparabilité et de la durée de vie des appareils, qui devraient être conçus pour durer. Entre conscience environnementale et préoccupations budgétaires, l’obsolescence programmée devient une véritable cible à abattre.
Que dit la loi ?
L’obsolescence programmée a été définie dans l’article 99 de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte comme "l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement".
La loi reconnaît le délit d’obsolescence programmée, qui est puni d’une peine de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende, le montant de l’amende pouvant être porté à 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel.
Réparation ou reconditionnement, une nécessité pour les portefeuilles
Et si chacun pouvait réparer son lave-linge au lieu de le jeter ? Pour un nombre croissant de consommateurs, réparer plutôt que remplacer devient un réflexe. Mais à l’heure de la société du tout jetable, cela n’est pas toujours faisable. D'autant plus que l’obsolescence programmée est bien présente : les pièces détachées sont souvent introuvables et les techniciens se font rares.
À (re) voir le 2e volet sur l'obsolescence programmée, un reportage de Rudy Rilcy :