La communauté d'agglomération Grand Sud Caraïbe peut-elle exploser ?

Siège de la Communauté d'agglomération Grand Sud Caraïbes, à Basse-Terre.
Les réflexions vont bon train chez les élus de la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbe (CAGSC). Face aux immenses difficultés administratives et financières de la collectivité, certains élus s'interrogent sur la pertinence de garder ce grand ensemble en vie.
« Chak bougo halé zékal a-yo »* c’est le proverbe créole qui pourrait résumer la pensée qui agite, en ce moment, les réflexions des élus du sud Basse-Terre. Tous comptes fait - littéralement - la CAGSC, ses dettes et son inopérance administrative sont des fardeaux lourds à porter pour les maires du territoire. De plus, et c’est peut-être le plus grave, ils sont en porte-à-faux vis-à-vis de leurs électeurs qui font peser sur leurs épaules la défaillance du service public. Dans ces conditions pourquoi rester ? Et comme tout le monde le pensait tout bas, Jules Otto, le nouveau maire de Vieux-Habitants a pris le parti, lui, d’ exprimer ses doutes au micro de Ronan Ponnet.

Jules OTTO

 

Un découpage pertinent ?

La réflexion posée par le maire n’est pas qu'un simple calcul politique. Pour Pierre-Yves Chicot, maître de conférence à l’Université des Antilles, c’est surtout une manière démarrer un débat sérieux sur la pertinence du découpage des communautés d’agglomération.
 

Séparation de la dette

Thierry Abelli, l’actuel président de la CAGSC, entend les arguments des communes séparatistes, mais pose tout de même la brûlante question de la dette. Si, au niveau administratif, la loi du 27 décembre 2019 « Engagement et proximité » édicte les conditions et le mode opératoire de la sortie d’une commune d’un ensemble intercommunal, encore faut-il identifier et anticiper l’impact de cette décision sur le territoire concerné. Pour la CAGSC, la question est surtout financière et son président avance l'option de la répartition de la dette. Un arrangement, plutôt qu’une réelle obligation administrative et financière.

 

Formation d’une nouvelle communauté

Dans le cas où Vieux-Habitants irait au bout de la logique et réussirait à aspirer dans la dynamique d’autres communes, on pourrait assister à la naissance d’une nouvelle communauté d’agglomération. Cependant, c’est risquer d’ouvrir une boîte de pandore. D'une manière générale, les maires sont désireux de rétablir une certaine proximité avec leurs électeurs. Chose que la communauté d’agglomération, encore mal comprise par les citoyens, ne leur permet pas forcément. Réticents au principe de communauté d'agglomération, entré en vigueur en 2014, ils se sont vu ôter de nombreuses prérogatives et n’y trouvent pas forcément leur compte. En clair, on pourrait donc se diriger vers le premier coup de crayon du nouveau dessin administratif et politique de la Guadeloupe.
 


*À chacun sa peine (traduction)