La Jamaïque, également aux prises avec les gangs, offre de participer à la force internationale en Haïti

Le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness aux Nations Unies, le 22 septembre 2022.
La Jamaïque a indiqué être prête à participer militairement à une force internationale en Haïti, intervention réclamée sans succès depuis des mois par l'ONU qui s'alarme de la violence record des gangs dans le pays.

"La Jamaïque serait prête à participer à un déploiement d'assistance sécuritaire multinationale en Haïti, selon des paramètres juridictionnels appropriés, pour soutenir le retour à un niveau raisonnable de paix et de sécurité nécessaire pour un processus démocratique inclusif", a déclaré le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness devant les parlementaires mardi.

Une aide jugé surprenante par certains 

Un soutien qui a fait réagir et en a surpris plus d'un... Pour certains, la Jamaïque est dans la même situation d'insécurité qu'Haïti. En décembre dernier, le Premier ministre a dû décréter l'état d'urgence, en raison de l’augmentation de la violence et des crimes liés aux gangs. Andrew Holness avait justifié sa décision par "sa priorité de sauver des vies".

Toutefois, il reste ferme quant à sa proposition d'aider le pays. Soulignant la "profonde inquiétude" des Jamaïcains concernant la situation chez leur voisin des Caraïbes, il a indiqué que les forces armées et la police "ont été alertées" de cette possibilité.
Et il a espéré qu'Haïti pourrait "s'engager sur le chemin d'un rétablissement de la stabilité (...), avec le plein soutien de la communauté internationale".

Aucun pays ne s'engage réellement 

En octobre, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait relayé un appel à l'aide du Premier ministre haïtien Ariel Henry, demandant au Conseil de sécurité d'envoyer une force multinationale d'urgence pour aider la police haïtienne "débordée" par la violence des gangs. 
Mais sans résultat depuis : si quelques pays ont indiqué être prêts à soutenir une telle mission, aucun ne semble prêt à en prendre la tête. Les Etats-Unis et le Canada, vers qui tous les yeux se sont tournés, se sont montrés très prudents.

Lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur Haïti fin janvier, le représentant américain Robert Wood avait souligné la nécessité pour la communauté internationale d'"aider Haïti à faire face à l'insécurité", sans aborder explicitement l'envoi d'une force.

L'ONU ne prévoit pas de convoquer de Conseil de sécurité à ce sujet prochainement

Alors que l'ONU a souligné que la violence des gangs et l'urgence humanitaire ont atteint des niveaux "jamais vu depuis des décennies", Antonio Guterres a lui répété la semaine dernière son appel à déployer "de toute urgence" cette force armée spécialisée internationale.
"Une force multinationale de sécurité est très importante et nécessaire sur le terrain pour stabiliser la situation en Haïti et protéger les intérêts de la population", a de son côté déclaré mercredi l'ambassadrice de Malte Vanessa Frazier, qui préside le Conseil en février, tout en saluant l'annonce de la Jamaïque. 

Aucune nouvelle réunion du Conseil de sécurité sur le sujet n'est programmée à ce stade.