La Toussaint au cimetière : une tradition qui résiste au temps et aux modes

Cimetière de Pointe Noire, 1er novembre 2023
Certes les religions pour qui la Toussaint a un sens n'envoient pas leurs fidèles au cimetière ce jour-là, préférant pour cela le jour des défunts, le 2 novembre. Pourtant, de longues dates, dans les habitudes sociétales des Antilles, le 1er novembre reste un jour où l'on honore les morts. Ni les réajustements des Eglises, ni les nouvelles attractions culturelles du moment, ni même le COVID, n'ont pu mettre à mal cette tradition qui, ce 1er novembre 2023, s'est vécue dans tous les cimetières de la Guadeloupe

L'agitation était palpable tout autour des cimetières. Tant de la part des communes que de celles de leurs administrés, tout a été mis en œuvre pour que ces lieux voués au repos en paix, retrouvent l'espace d'un jour, leur fièvre de Toussaint.

Et ce mercredi matin, beaucoup s'y sont rendus. Pas une tradition nouvelle, une habitude tout aussi ancrée dans les mœurs que celle de l'illumination des tombes à la tombée de la nuit. Dans beaucoup de famille, au matin de la Toussaint, on se rend au cimetière pour fleurir les tombes. On y vit une première rencontre familiale. Et puis le soir on y revient, bougies et allumettes à la main, pour cette fois dédier aux disparus ces flammes qui sont autant un hommage qu'une prière.

Annick offre des fleurs à ses chers disparus

Dans ce cimetière de Pointe-Noire, beaucoup étaient là très tôt le matin. Annick en fait partie. Elle appartient à ceux qui continuent d'y venir deux fois à la Toussaint. Parce que sa visite du matin n'a pas le même sens que celle du soir.

©Guadeloupe

Horner les tombes à la Toussaint, un acte qu'Elodie et sa mère font en famille

À quelques mètres de là, une autre Annick avec sa fille Elodie, se presse de nettoyer la tombe de ses chers disparus. Annick est de Pointe-Noire, mais elle vit à Pointe-à-Pître. C'est plutôt cette circonstance qui a modifié ses habitudes. Mais pour la mère comme la fille, pas question de ne pas venir au cimetière un jour de la Toussaint.

©Guadeloupe

Quand Elodie sera ce soir avec sa belle famille, il y aura forcément des lumières par centaines et même par milliers. Des lumières dans des réceptacles pour éviter que la bougie ne coule et ne salisse. Une adaptation venue avec le temps et qui a eu raison des "Kaka bouji", des boules de cire que les enfants faisaient en ramassant les restes des bougies consumées pour en faire des projectiles et se les lancer dans les travées des cimetières.

La Toussaint à Pointe Noire


Un jeu qui ne se jouait qu'à la Toussaint, le soir, et qui s'est évanoui avec le temps, les règles de sécurité et les enfants que l'on emmène de moins en moins au cimetière.
Mais le reste est encore là pour dire qu'ici, sur cette terre de Guadeloupe, il y a des traditions qui résistent même au temps qui passe.