''la vie privée d'oubli'' de Gisèle Pineau

Gisèle Pineau, "La vie privée d'oubli"
Gisèle Pineau vient de publier son dernier ouvrage : ''la vie privée d'oubli''. Une œuvre majeure parue aux éditions Philippe Rey. Dans ce livre, deux jeunes femmes guadeloupéennes se laissent tenter par une vie trop facile. Elles deviennent des mules en transportant de la drogue. L'ancêtre Agontimé intervient et parle à l'une d'entre elles. Un long récit qui fait écho à la question de l'épigénétisme. Lorsque les générations portent en elles, le poids du passé.

Dans un article publié en février 2015, l'INSERM rappelle sa définition de l'épigénétisme :

Cette mémoire parentale épigénétique est transmise à la descendance au moment de la fécondation et elle est maintenue tout au long de la vie.

INSERM

Dans sa définition d'objectif comme organisme de recherche scientifique public dédié à la santé humaine, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale dit vouloir améliorer la santé par le progrès des connaissances.

C'est peut-être en raison de sa vocation médicale que Gisèle Pineau est-elle aussi allée rechercher sa définition dans les gênes de la société guadeloupéenne de l'épigénétisme. Parce que cette vie privée d'oubli qu'elle propose aux lecteurs transpire page après page de cette transmission perpétuelle qui a cours dans les mémoires. Celles d'hier parlent encore à celles d'aujourd'hui. Et même si le vécu est bien différent et s'éloigne des images du passé, l'essentiel survit au temps et aux espaces, pour le meilleur et pour le pire.

Et le récit de Gisèle Pineau se plonge dans toutes ces mémoires pour en extraire les lignes essentielles. Comme Yaëlle l'une des héroïnes de son roman, l'auteure elle-même porter les mots de ces ancêtres qu'elle ne peut oublier, que rien ne peut lui faire oublier.

Des mots pour parler de ces histoires, la grande et les petites que l'on voudrait enfermer dans une histoire officielle et que Gisèle Pineau veut rétablir pour redonner du sens au présent à la lumière de ce passé qui ne se peut oublier.

©Guadeloupe

Elle ne les compte plus depuis un siècle révolu. Elle ne peut changer le cours de leur vie, ni les alerter d’un danger, non plus les guider sur les voies qu’ils empruntent. Elle ne peut que les regarder simplement aller et venir par monts et par vaux, subir, trimer, tromper la faim, combler les heures de toutes les façons. Parfois ils rêvent, rient et chantent la vie, en attendant la fin. Elle se prend alors à rire, chanter et rêver avec eux.

Gisèle Pineau, "La vie privée d'oubli"

Et dans les mots d'Agontimé, c'est cette quête de l'auteure elle-même qui se dévoile, quête d'une errance aussi intemporelle que planétaire, ce sont des visages et des pans de l'histoire qui défilent pour éclairer un peu plus l'aujourd'hui de l'auteure et surtout, de ses lecteurs.

"Elle ne peut que les regarder simplement aller et venir par monts et par vaux, subir, trimer, tromper la faim, combler lesheures detoutes les façons..."