Les marins-pêcheurs de Guadeloupe espèrent une bouffée d'oxygène. Ils comptaient sur une réunion de négociation, organisée hier, en fin d'après-midi, avec la collectivité régionale, pour s'entendre dire que des fonds leur seraient versés... en vain, pour le moment. Ils envisagent de se mobiliser.
C'est la déception qui prédominait, dans le rang des marins-pêcheurs de l'archipel guadeloupéen, au sortir de la réunion de négociation, organisée mercredi 07 avril 2021, en fin d'après-midi, à l'espace régional du Raizet, aux Abymes.
Pour cet échange, sur lequel ils comptaient beaucoup pour obtenir satisfaction sur leurs points de revendications, les professionnels du secteur étaient face à des administratifs du Conseil régional. Le président Ary Chalus n'a fait le déplacement, ni aucun autre élu.
Les discussions n'ont pas abouti aux décisions espérées.
Des promesses, pas d'engagement
Les pêcheurs de Guadeloupe ont besoin d'argent.
Leurs finances sont lourdement impactées par une conjoncture très compliquée, actuellement. La crise sanitaire limite considérablement leurs possibilités d'écouler leurs marchandises. Les conditions météorologiques entravent leurs sorties en mer et détruisent leurs dispositif de concentration de poissons (DCP). Enfin, la hausse des prix du carburant détaxé creuse un peu plus leur maigre budget.
Des difficultés conjuguées que nous évoquions, hier, dans cet article :
Charly Vincent, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des îles de Guadeloupe, nous indiquait, après la réunion avec la région, hier, que les engagements obtenus sont loin des espérances de la profession. Pour ce qui est du dispositif exceptionnel d'aide, aucune garantie satisfaisante ne leur a été donnée, selon leur point de vue :
Et quand Charly Vincent parle de "débordements", il fait référence à une possible mobilisation des professionnels de la pêche, par divers moyens, visant à se faire entendre.
Les propositions de la Région
Pour la Région, la rencontre de mercredi n'était qu'une première réunion du "MERcato" (terme employé par la collectivité pour désigner la cellule de concertation regroupant l’ensemble des représentants des socio-professionnels de la pêche et de l’aquaculture, des conseillers régionaux et techniciens).
Des mesures ont bel et bien été décidées, est-il rappelé dans un communiqué.
D'abord il est question d'une mesure d'urgence :
En réponse à la demande des représentants des professionnels, le stock actuel des demandes de PCS (Plan de compensation des surcoûts], déposées par les professionnels (soit près de 200 dossiers), sera payé directement, afin de pallier les surcoûts supportés par les professionnels. En parallèle, la région poursuivra sa démarche de soutien de la filière, au travers de l’aide à la structuration de la comptabilité des entreprises de pêche, soit un soutien financier d’environ 400€ par entreprise.
Par ailleurs, concernant la dotation exceptionnelle déjà annoncée, le 25 mars dernier, lors d'une rencontre avec le président de Région, il est dit ce qui suit :
Une dotation exceptionnelle sera attribuée aux professionnels de pêche et d’aquaculture à jour des obligations déclaratives, dont l’activité s’avère fortement impactée par la crise sanitaire, les aléas climatiques et l’augmentation du prix du carburant. L’aide, sous forme d’un montant forfaitaire, sera accordée aux entreprises de pêche, sur la base de la liste fournie par les organismes représentant les socioprofessionnels.
Mais, effectivement, le montant n'est pas avancé.
Selon la volonté affichée par la collectivité, le "MERcato" se réunira, dans les prochaines semaines, pour poursuivre les discussions, notamment autour de la coopérative et de la maîtrise des coûts liés au prix du carburant.
Les revendications de la filière pêche et aquaculture
Le cahier de revendication de la filière pêche et aquaculture a été élaboré le mardi 6 avril 2021, lors d'une réunion entre professionnels, dans les locaux du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des îles de Guadeloupe.
En préambule, ils "exigent des mesures immédiates, pour des résultats immédiats, afin de faire face aux difficultés des entreprises" et disent compter sur un "engagement fort" de la Région Guadeloupe.
Voici la teneur de cette plateforme de revendications :