Le dirigeant intérimaire choisi par l'opposition politique haïtienne est sorti de son silence samedi, six jours après sa nomination, et appelle ses compatriotes à lutter contre "la dictature", une attaque à destination du président contesté Jovenel Moïse.
"J'appelle celles et ceux qui jurent loyauté à cette terre et à cette nation à se mettre debout", a declaré Joseph Mécene Jean-Louis dans une declaration écrite. "Debout contre la corruption, l'impunité et la dictature, debout pour la justice sociale, la sécurité publique", a-t-il ajouté.
Le magistrat de 72 ans avait été désigné dans la nuit de dimanche lundi par plusieurs partis d'opposition qui considèrent que le mandat de Jovenel Moïse a pris fin ce 7 février.
Une nouvelle mobilisation ce dimanche
Dans sa déclaration écrite de deux pages, Jean-Louis considère que la situation dans laquelle se trouve le pays "exige des sacrifices patriotiques" et évoque la violence qui sévit dans le pays.
Il mentionne notamment l'assassinat par balles, en février 2020, du bâtonnier du barreau de Port-au-Prince, Monferrier Dorval. Lui "et tous les autres ne sont pas morts pour rien", affirme-t-il dans ce texte.
Haïti vit sous tension depuis dimanche avec une multiplication de mobilisations citoyennes dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir de Jovenel Moïse. Un appel à une manifestation été lancé pour ce dimanche par des organisations de défense des droits humains.
Un désaccord sur la date de fin du mandat de Jovenel Moïse
Jovenel Moïse soutient que son mandat à la tête du pays caribéen court jusqu'au 7 février 2022. Mais cette date est dénoncée par une bonne partie de la population haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de Jovenel Moïse est arrivé à son terme dimanche 7 février 2021.
Ce désaccord de date est né du fait que Moïse avait été élu lors d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard. Aucune institution haïtienne ne peut aujourd'hui légalement départager ces deux camps qui refusent tout dialogue.
Haïti ne dispose plus d'un parlement fonctionnel depuis janvier 2020.
Isolé, le président Moïse gouverne depuis par décrets, alimentant une défiance croissante au sein de la population, minée par la pauvreté et subissant la violence quotidienne des gangs.