Épaves de voitures, canapés, déchets ménagers, télévision, machines à laver, vieille tondeuse à gazon ici et là... les habitants de la résidence Bois Joli, située à Bazin aux Abymes, se plaignent de l’existence d’importants amas de déchets et d’encombrants de toutes natures, à proximité de chez eux.
Une résidence qui cumule les maux
En ces temps de préoccupante épidémie de dengue en Guadeloupe, les résidents de Bois Joli estiment que ces "décharges à ciel ouvert", qui envahissent trottoirs, espaces verts et chaussée, sont susceptibles d’être des gîtes larvaires des moustiques, vecteurs de la maladie. Ils dénoncent aussi la prolifération d’autres nuisibles, notamment de rats et de chiens errants.
Plusieurs locataires sont malades, selon l’association de résidents, baptisée le "Collectif BJ". Ses membres appellent les autorités à prendre leurs responsabilités ; un appel lancé à l’Agence régionale de santé (ARS), à la mairie, ainsi qu’à la communauté d’agglomération Cap Excellence. Un nettoyage en profondeur s’impose, dans l’urgence.
Ces nuisances ne sont pas les seules à déplorer : les habitants parlent de chaussée en mauvais état, des eaux de ruissellement qui s’accumulent et forment des mares stagnantes, d’eaux usées et d’excréments qui remontent à la surface jusque sur le pas des portes, de rénovations mal effectuées, d’éclairage public défectueux, d’insécurité... la liste est effrayamment longue. De quoi se sentir délaissé...
Ici, on a l’impression d’être oubliés, tant côté hygiène que sécurité.
Brigitte Blonbou Gâce, résidente de Bois Joli et porte-parole du Collectif BJ
Des actions d’ores et déjà entreprises
À la SIG, on reconnaît qu’il y a une problématique multiple à résoudre, au sein de la résidence Bois Joli.
Même s’il ne répond pas à toutes les préoccupations concrètes des résidents, le directeur général du bailleur social expose tout ce qui est entrepris et ce qui pose problème, sur place.
L’enjeu n’est pas de se dire qu’il n’y a pas de problème. Des problèmes, il y en a toujours et, en particulier, quand on est habitant, qu’on paie un loyer, qu’on paie des charges (...).
Olivier Bajard, directeur général de la SIG
Ce constat d’incivilités est confirmé par les collectivités.
Concernant les déchets, depuis que nous avons commencé à investiguer sur la réalité de ce que subissent les résidents de "Bois Joli", nous avons constaté que leur appel a été entendu. Ce lundi matin (4 décembre 2023), une entreprise mandatée par Cap Excellence était sur place, pour débuter le ramassage des déchets, sous l’œil attentif d’un responsable de la collectivité.
Aujourd’hui, on avait une collecte exceptionnelle. A l’entrée de Bois Joli, on est obligés de passer, même si ce n’est pas le jour prévu. Parfois c’est tellement dégueulasse qu’on est obligés de faire des collectes exceptionnelles. A Bois Joli, c’est toujours pareil. Pourtant, il y a des bacs en conséquence. On fait tout notre possible pour que ça reste propre, mais vous allez voir : on a nettoyé ce matin, mais vers 16h, 17h, ou demain matin, ce sera encore pire.
Richard-Emile Loimon, coordonnateur à Cap Excellence
Il y a aussi une prolifération de véhicules hors d’usage (VHU) sur place, dont certains depuis bien longtemps. Cette résidente se plaint de celui qui stagne devant son appartement :
La voiture est là depuis un an.
Annie Patrick, résidente de Bois Joli
Le retrait de cette voiture ne saurait tarder, selon la police municipale des Abymes.
Il s’avère que la procédure est longue. Après constat de la présence de VHU, des mises en demeure sont adressées aux propriétaires, sans réaction de leur part dans un délai de 15 jours, la sanction tombe : un procès-verbal correspondant à une contravention de 1500 euros est établi. Dès lors, le retrait peut être opéré, avec l’autorisation du bailleur, propriétaire des lieux ; le VHU est alors orienté vers un contre de recyclage.
La procédure d’enlèvement est longue. On doit attendre quelques jours, voire quelques mois, avant de procéder à l’enlèvement de ces véhicules. Concernant Bois Joli, il y a une procédure en cours ; ce sera fait probablement à la fin du mois ou en janvier. Il y a plus d’une vingtaine de VHU à Bois Joli.
Léon Etienne, brigadier-chef principal affecté à la police de l’environnement des Abymes
Une question se pose donc ; elle concerne le civisme des personnes : qui est responsable de tout ce désordre, alors que des déchetteries sont implantées un peu partout dans l’archipel et que le ramassage des déchets se fait régulièrement, à en croire les représentants de la collectivité ? Habitent-ils sur place ou viennent-ils de l’extérieur se débarrasser de leurs déchets à cet endroit ?
Pour que les nuisances cessent, il s’agirait peut-être aussi d’identifier les contrevenants et de prendre des mesures adéquates.
La SIG prône l’augmentation de la fréquence de rotation, afin qu’elle corresponde à l’usage des résidents... et du voisinage et du tout-venant qui profitent des infrastructures dédiées au ramassage des déchets.
Les acteurs travaillent de concert pour trouver des solutions.