"A moins d'un aléa majeur, on aura un été qui sera marqué par un retour important des clients", a affirmé Alain Battisti, président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), en ouvrant jeudi son congrès annuel à Paris.
Quelque 70 millions de personnes ont voyagé par les airs au départ et/ou à l'arrivée de France l'année dernière, soit 39% du niveau de 2019, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Un léger mieux par rapport aux 30% de 2020, quand l'émergence du coronavirus avait donné un coup d'arrêt brutal au secteur et ravagé ses entreprises.
Ces grandes vacances, les professionnels s'attendent à atteindre, voire à dépasser sur certains faisceaux les niveaux d'avant-crise, même si sur l'ensemble de 2022, le secteur ne devrait retrouver que 80 à 90% des voyageurs de 2019 étant donné le début d'année marqué par le variant Omicron, selon la DGAC.
Pour juillet et août, "on a une explosion des intentions de voyages" touristiques, a décrit Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du voyage, en notant un "effet d'euphorie", avec des réservations en hausse de 20% en valeur par rapport à il y a trois ans, "ce qui est énorme".
Bémol, les voyages d'affaires plafonnent à 70 à 80% de 2019, "et il n'y a aucune perspective de rattrapage", selon lui : les entreprises ont modifié leurs habitudes pendant la pandémie et recourent davantage aux visioconférences.
Et, après les grandes vacances, c'est l'incertitude, avec peu de réservations qui rentrent, selon Jean-Pierre Mas.
Le patron des compagnies aériennes Air Caraïbes et French Bee, Marc Rochet, a lui dit voir arriver un "été fort" mais a affirmé déjà déceler une baisse du rythme des réservations, avec "la montée violente des coûts de carburant" due à l'invasion de l'Ukraine par la Russie: le prix du kérosène a ainsi doublé, et celui des pièces de rechange a "explosé".
Le carburant représente entre 25 et 30% des coûts des compagnies aériennes et les finances de celles-ci restent fragiles après deux ans de crise sanitaire. Pour préserver les marges, "il faut augmenter les tarifs de plus de 20%, et ça a commencé à bouger, avec un effet immédiat sur la demande", qui à fin mai n'était plus que de 4% supérieure à celle du même stade de 2019, contre +24% en mars, a prévenu Marc Rochet, à propos de ses compagnies.
En outre, "l'inflation forte touche tous les ménages" et ce sont les voyages auxquels les consommateurs renoncent en premier, a-t-il ajouté, se disant "très prudent" pour le second semestre.
Aujourd'hui, le "vrai, vrai défi" est de refaire monter en charge les capacités du secteur aérien pour qu'il soit capable d'absorber les pics estivaux, a concédé Alain Battisti, en rappelant les engorgements déjà constatés dans certains aéroports européens, comme Francfort et Amsterdam-Schiphol, où des vols ont dû être annulés ces dernières semaines en raison de pénuries de personnel au sol.