Les mots sont posés et l'auditoire les reçoit comme si lui aussi, dans ses émotions, avait été atteint en les écoutant.
Certes, on leur avait dit que ces rencontres particulières du programme contre la violence leur permettraient de toucher du doigt le vécu de ceux qui en ont été victimes. Mais ces lycéens de Baimbridge après ceux de Pointe Noire et juste avant ceux du Jardin d'Essai, n'avaient probablement pas prévu de ressentir eux-mêmes les effets de cette violence. La violence des attentats que ceux qui s'en sont sortis leur racontent pour prêter leur voix à ceux qui ne sont plus là pour le faire.
Cette tournée dans les lycées de Guadeloupe de l’association française des victimes de terrorisme donne à ses membres l'occasion de mettre des mots sur les silences et de donner des réponses concrètes aux suppositions théoriques.
Et quand les mots se sont tus, dans la mémoire de ces lycéens, il y avait encore le timbre d'une voix, l'image d'un tatouage, et surtout l'émotion, celle qui leur aura transmis le plus de choses durant cette discussion qu'ils n'oublieront probablement jamais.
Peut-être d'ailleurs qu'elle leur aura permis d'envisager l'avenir d'une autre manière. Même si, tout ce qui leur a été dit ce mardi leur permet déjà de se dire, qu'on ne peut rien prévoir en la matière. Pas même d'en survivre.
En tout cas, cette rencontre a changé certaines des perspectives de ces étudiants. Après l'avoir entendu par le biais d'une vidéo qui leur a été projetée, ils ont pris l’engagement de préparer un message de soutien à Loic Liber, le parachutiste guadeloupéen tétraplégique après les attaques de Mohammed Mera en 2012.