Sur le port de Pointe-Noire, quelques bateaux de plaisance côtoient des embarcations de pêche. En 10 ans, le petit port a perdu la moitié de ses pêcheurs... Et pour cause, le manque de poissons se fait de plus en plus sentir. Associé au prix des carburants, certains professionnels n'ont eu d'autre choix que de jeter l'éponge.
Des professionnels qui se battent pour subsister
Chaque jour ou presque, Patrice Desplan prend le large... Avec à chaque sortie, l'espoir de revenir le bateau chargé de poissons qu'il pourra vendre. Mais comme trop souvent, la pêche est maigre... C'est encore le cas, ce mardi 8 février...
Son équipage composé de deux autres marins-pêcheurs rentre au port de Pointe-Noire avec un butin remplissant à peine un peu plus d'une caisse. Quelques vivaneaux, des empereurs, des soleils, des thazards ou ce que beaucoup appellent "morue guadeloupéenne". Certains spécimens ont été pêchés à 250 à 300 mètres de profondeur. Des variétés que les gens connaissent peu, explique Patrice avec résignation.
Un sentiment partagé par son collègue, Cédric Philogène, dit Gaston.. Depuis 22 ans qu'il est à son compte, le marin-pêcheur oscille entre dépit et résilience... Il est obligé, raconte-t-il, de ramener ce qu'il ne pêchait pas avant.
Je fais de belles découvertes, d'autres poissons, que je fais ensuite découvrir à ma clientèle. Ils en sont très contents.
Cédric Philogène, marin-pêcheur à Pointe-Noire
Mais ces prises ne lui font pas oublier les difficultés du métier. Cédric ne s'explique toujours pas pourquoi les daurades ne sont toujours pas arrivées dans nos eaux. La saison aurait dû commencer dès la fin d'année 2022. Mais force est de constater que le poisson boude les côtes de l'archipel.
S'il reconnaît volontiers que les saisons sont aujourd'hui décalées, pour le professionnel, les bateaux usines, au large, "empêchent aux poissons d'entrer".
Une concurrence qui laisse un goût amer aux marins-pêcheurs. D'autant plus que le carburant pèse lourd dans le panier "dépenses".
A 80 centimes le litre, c'est encore trop pour Cédric Philogène qui affirme utiliser 400 à 500 litres par sortie.
Tout est cher... Nous sommes des TPE et nous avons beaucoup de charges à payer et le matériel est de plus en plus cher.
Cédric Philogène
Les marins ont alerté le Comité de pêche des îles de Guadeloupe sur leurs difficultés, en espérant des jours meilleurs...
A (re) voir le reportage de Lydia Quérin et Olivier Duflo :