Les producteurs de café de Guadeloupe tentent de lutter contre le scolyte

Sur la fin de la dernière récolte à Vanibel, les pertes provoquées par le scolyte approchent les 10%
Le scolyte du caféier, détecté en Guadeloupe en mars 2021, est désormais présent sur les plantations des producteurs professionnels, qui s’inquiètent pour leur prochaine récolte. Car l’insecte, qui détruit les grains de café, a déjà entraîné des baisses de rendement sur la production de l’an dernier

Il avait été signalé pour la première fois en Guadeloupe en mars 2021, dans le jardin d’un particulier à Capesterre-Belle-Eau… Le « scolyte des baies du caféier », présenté comme le plus grand ravageur mondial des cultures de café, a fait alors l’objet d’un arrêté préfectoral, avec des mesures de lutte obligatoires. Les services de protection des végétaux de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) avaient confié à la FREDON (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) une mission de prospection pour savoir si le parasite était présent chez les producteurs professionnels. Ce travail avait démarré en mai, auprès de la vingtaine de caféiculteurs recensés. 

Grains de café perdus

Aujourd’hui, le constat est là : le scolyte du caféier s’est propagé et il a commencé à sévir sur les plantations des professionnels, notamment en Côte-sous-le-Vent. L’insecte, un tout petit coléoptère de couleur brune, vit à l’intérieur des cerises de café, présentes sur l’arbre ou tombées au sol. La femelle perce la baie, laissant apparaître un trou de perforation très caractéristique. Elle pénètre alors la cerise pour y pondre ses oeufs. Et les larves se nourrissent du grain de café. Le producteur constate les dégâts après la décortication des cerises, lors de la fermentation : les grains creux flottent à la surface de l’eau.

A gauche, un grain de café sain ; à droite, un grain piqué et mangé par le scolyte

 

Inquiétudes pour la récolte 2022

Les premières pertes, encore relativement faibles, sont apparues l’an dernier. Illustration sur le Domaine de Vanibel à Vieux-Habitants, la plus grosse plantation de café de Guadeloupe, avec 15 hectares (20 000 pieds). Le scolyte y a été observé à partir d’août, début de la récolte. Les pertes, d’environ 5% au départ (soit une centaine de kilos de café, en produit fini), approchent actuellement les 10%, en fin de production. Les caféiculteurs craignent surtout pour la récolte 2022, et réclament aux services de l’Etat la mise en place d’une lutte collective, notamment par l’installation de pièges à scolytes dans toutes les plantations. 

Le Domaine de Vanibel face au scolyte du caféier

 

Le scolyte du caféier fera partie des parasites qui seront évoqués lors de la prochaine réunion, le 15 février, du CROPSAV (Conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale), une instance consultative présidée par le préfet. Le SAPCAV, Syndicat agricole des planteurs de café, cacao et vanille de Guadeloupe (dont Vanibel est adhérent) sera présent. De nouvelles mesures de lutte contre le ravageur sont attendues…