Pourquoi une levée de bouclier du SAMU, contre la loi instaurant un numéro unique d’appel d’urgence ?

SAMU et SDIS sont divisés, au sujet de la "loi de consolidation du modèle de sécurité civile". Elle se traduit notamment par l'instauration d'un numéro unique d'appel d'urgence et la valorisation des sapeurs-pompiers volontaires. Les opérateurs du SAMU n'y trouvent pas leur compte et s'y opposent.

La proposition de loi, portée par le député LREM Fabien Matras, visant à "consolider le modèle de sécurité civile" est loin de faire l'unanimité.
Elle a notamment pour objet d'expérimenter un numéro unique d'appel d'urgence, soit le 112, au détriment des actuels numéros 18 (pour accéder au service des pompiers), 15 (pour joindre le SAMU) et 17 (pour contacter la police).
Seulement voilà : il est surtout question de la de la modernisation des Services d'incendie et de secours et de valorisation du volontariat des sapeurs-pompiers et des sapeurs-pompiers professionnels, via la mise en place d'une réserve citoyenne.

"Qu'adviendra-t-il de nous ?", se demandent alors les professionnels du Service d'aide médicale urgente (SAMU), service hospitalier qui comprend le centre recevant les appels effectués au 15.

Les pompiers favorables au projet de loi

Pourquoi ne pas faire comme dans les pays anglo-saxons ? Faire comme le fameux 911 où, quand vous appelez, vous pouvez avoir les pompiers, la police ou le médecin !

Colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe

Le directeur du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de la Guadeloupe voit la simplification de la procédure d'appel d'urgence comme une "nécessité évidente"

Nous sommes dans un petit territoire. Pourquoi on aurait plusieurs endroits où une alerte, pour secourir des personnes, arriverait ?

Colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe

Felix Antenor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe ©Ronhy Malety - Guadeloupe La 1ère

Le Colonel Félix Anténor-Habazac atteste, par ailleurs, qu'il n'y a pas de rivalité, entre les services du SDIS et du SAMU, en Guadeloupe

Je dois rappeler que, dans les années 1990, le SDIS a pris une part prépondérante dans la naissance du SAMU. On a aidé, en moyens matériels, en moyens personnels. Donc, nous avons vraiment des relations fraternelles, avec le SAMU, en Guadeloupe. »

Colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe

Au niveau national, 17 Départements ont une plateforme commune. Le seul Département d’Outre-mer qui sera bientôt concerné, est La Réunion, où ce service commun ouvrira d’ici février 2022.

Fronde du SAMU

"Pas de rivalité", peut-être.
Mais les avis sont clairement opposés, entre le SDIS et le SAMU, sur la loi dite aussi de "valorisation du volontariat des sapeurs-pompiers".
Les médecins urgentistes sont contre, estimant que leurs métiers sont "vraiment en danger".

L'image est rare : ce jeudi 7 octobre 2021, les opérateurs du SAMU ont mené une opération escargot, sur les routes de l'agglomération pointoise, pour manifester leur rejet de cette loi, qui semble les exclure.

Cette loi va, demain, éliminer les SAMU et, jusqu'à maintenant, nous, assistants de régulation médicale, ne savons pas où nous serons replacés.

Julio Lendo, assistant de régulation médicale au SAMU Guadeloupe

Julio Lendo, assistant de régulation médicale au SAMU Guadeloupe ©Jean-Marie Mavounzy - Guadeloupe La 1ère

Même son de cloche, du côté de la gouvernance du SAMU de Guadeloupe :

En supprimant cette possibilité de régulation médicale, on va se retrouver avec un professionnel qui n'est pas un professionnel de santé, qui prendra en ligne les informations, sans le respect du secret médical et qui consistera à envoyer la plupart des personnes prises en charge vers les services d'urgence qui, de fait, seront engorgés.

Patrick Portecop, chef de service du SAMU de la Guadeloupe

Patrick Portecop, chef de service du SAMU de la Guadeloupe ©Ronhy Malety - Guadeloupe La 1ère

 

Où en est le texte de loi ?

Le projet de loi, fruit d'une procédure accélérée engagée par le Gouvernement, le 30 avril 2021, a d'ores et déjà été adopté, en première lecture, par l’Assemblée nationale (le 27 mai 2021) et par le Sénat (le 23 septembre 2021), avec des modifications, dans les deux cas.

Une commission mixte paritaire a été convoquée le 23 septembre. Ses membres sont chargés de proposer une version commune du texte, sur les dispositions restant en discussion.

Déjà en 2018, une tentative visant à instaurer une plateforme unique des urgences n’avait pas abouti.