Lucette Michaux-Chevry est décédée, des suites d'une longue maladie

Lucette Michaux-Chevry (en 2003).
La personnalité politique la plus emblématique de l'archipel de la Guadeloupe, qui s'est aussi longtemps illustrée sur la scène nationale, est partie, après plusieurs mois de lutte contre un cancer. Lucette Michaux-Chevry n'a laissé personne indifférent. Retour sur sa carrière et ses convictions.

Lucette Michaux-Chevry a succombé à un cancer, ce jeudi 9 septembre 2021, à 19h48. Cela faisait plusieurs mois que "Gran Madanm la" luttait contre la maladie. Elle a eu 92 ans, le 5 mars 2021.
La Guadeloupe et la France se souviendront d'une femme forte, "à poigne" diront certains, qui a beaucoup oeuvré au niveau local et national, durant sa longue carrière politique.

Sa carrière politique

Avocate de profession, Lucette Michaux-Chevry a débuté sa carrière politique en 1974, au sein de la Gauche.
Deux ans plus tard, en 1976, elle a été élue conseillère départementale du canton de Saint-Claude/Gourbeyre soit, respectivement, sa commune de naissance et sa ville d’adoption.
Elève assidue de son mentor, Lucien Bernier, c’est naturellement qu’elle l'a remplacé, en 1982, à la tête de l’assemblée départementale. Elle a alors clairement affiché ses ambitions "départementalistes" : sa volonté était de mettre en place la décentralisation.
Celle qui était surnommée la "Dame de fer" a défendu bec et ongles les compétences de son assemblée politique, face au représentant de l’Etat de l’époque.
Battue en 1985, par le Socialiste Dominique Larifla, elle a mené, au sein du Département, une opposition animée et constructive, jusqu’en 1994. 

Cette proche de Jacques Chirac s'est vue confier, en 1986, le portefeuille de Secrétaire d’Etat chargée de la francophonie, dans le premier gouvernement de cohabitation, entre 1986 et 1988.
En 1988, elle a été élue députée de la 4ème circonscription de la Guadeloupe, puis a été de nouveau appelée dans un gouvernement de cohabitation, celui d’Edouard Balladur cette fois, en tant que ministre déléguée chargée de l’action humanitaire et des droits de l’Homme.

En 1992, à la faveur d’une division de la Gauche, pourtant majoritaire, Lucette Michaux-Chevry a accèdé à la présidence de la Région Guadeloupe, grâce au soutien du groupe de Dominique Larifla. Elle y est restée jusqu’en 2004, jusqu'à sa défaite, au profit de Victorin Lurel.

Malgré cette déconvenue, l'élue emblématique a conservé son siège de Sénateur, gagné en 1995, année où elle a été l’un des rares ministres à soutenir Jacques Chirac à la Présidentielle.

La même année, elle est élue maire de Basse-Terre. Un fauteuil qu'elle a conservé jusqu’en 2014, avant de passer la main, quelques mois après son élection, à sa fille Marie-Luce Penchard.

Elle a pris aussi, en 2012, la tête de la Communauté d’agglomération du Sud Basse-Terre. Ce sera d’ailleurs sont dernier mandat.

Lucette Michaux-Chevry a annoncé son retrait de la vie politique, le 2 février 2019.

Ses convictions politiques 

La carrière politique de Lucette Michaux Chevry sera marquée par des prises de positions, pour le moins inattendues.
Si elle débute sa carrière à Gauche, elle affichera très tôt son attachement au statut départemental, en rupture avec les Socialistes qui préfèrent une assemblée unique, dotée d’une large d’autonomie. Mais, très vite, la "Dame de Basse-Terre", qui exercera tous les postes électifs de la sphère politique, se rendra compte des limites des responsabilités locales, face au pouvoir central. Pour autant, elle affichera ses ambitions à doses homéopathiques.

Elle crée d’abord le LPG, le parti de la Guadeloupe, avec le slogan "Français mais majeurs", puis viendra, en 2009, "Objectif Guadeloupe", une véritable machine politique, qui va lui permettre d’asseoir son hégémonie politique, en Guadeloupe.

Mais c’est le 1er décembre 1999 que Lucette Michaux-Chevry, encore Présidente du Conseil Régional, va concrétiser ses convictions, pour une Guadeloupe autonome, au sein de la République française. Elle signera, avec les Présidents des régions de Guyane et Martinique la « Déclaration de Basse-Terre »; sous-titrée "le courage politique au service du développement". Un texte synonyme de plaidoirie, vers un nouveau statut pour ces Régions d'outre-mer, qui aspirent à un accroissement des pouvoirs locaux face aux enjeux économiques sociaux et sociétaux.
Lors du Congrès des élus de 2003, une résolution acceptée par le gouvernement, débouchera sur un referendum, qui va se solder par une défaite du "OUI" soutenu par Lucette Michaux-Chevry. L'élue a donc échoué à initier une réforme institutionnelle à travers une collectivité unique.

Depuis, Lucette Michaux-Chevry a toujours prôné un pouvoir domicilié pour son pays, qu’elle a défendu en toutes circonstances.


A (re)voir aussi : portrait de Lucette Michaux-Chevry - Reportage de Pierre Lacombe