"Une rencontre qui va être l'étincelle et depuis deux ans, nous, on brûle la mèche" se confie Jean-Paul Daanen, les pieds nus, arpentant sa forêt. Un hectare de terre à Petit-Bourg, un bois composé principalement de calophyllum, plus connu sous le nom de Galba aux Antilles. En 2021, lui et son épouse, Aude, cherchent à valoriser ce lieu. C'est à ce moment qu'ils rencontrent Hugues Occibrun, cofondateur de l'association 100% Zèb.
Quand Hugues vient sur le terrain dans cette période l’année, il marche sur les graines et nous dit, faut faire quelque chose de ça les gars.
Jean-Paul Daanen
La forêt de calophyllum
"Ça", ce sont les graines de calophylle qui jonchent le sol, on les surnomme "l'or vert des Antilles". Elles produisent une huile riche en propriétés antioxydante et anti-inflammatoire. Quand Aude et Jean-Paul réalisent la richesse qu'ils ont entre les mains, ils se lancent dans la production, mais, les premiers essais s'avèrent infructueux. Cependant, ils ne baissent pas les bras. Après de longues recherches, le couple et ses enfants partent en Polynésie, en février 2022. Durant deux semaines et demie, ils vont explorer le territoire et iront à la rencontre de celles et ceux qui maîtrisent la fabrication de cet élixir.
Comme nous on appelle Galba, eux, en Polynésie, l'appelle, le Tamanou. On a appris que c’est la même nature de plantes. On a vu aussi les filières qu’ils avaient mis en place. On a vu la façon dont ils travaillaient pour fabriquer l’huile.
Jean-Paul Daanen
De retour en Guadeloupe, après un long périple, leurs bagages sont remplis de nouvelles connaissances. Confiants, Aude, architecte, et Jean-Paul embarquent pleinement dans cette aventure. En parallèle de leur activité, ils commencent le travail de récolte, de transformation et de production de l’huile de calophyllum. Un produit auquel ils associent d'autres ingrédients naturels, comme le charpentier, le gros thym, le romarin et la consoude. Cette idée d'additionner des plantes entre elles, émane de leurs aînés, auprès desquels ils ont pris conseil. Le savoir-faire en poche, les époux Daanen réalisent d'abord des microproductions dans leur petit laboratoire installé chez la mère de Jean-Paul. Ils sillonnent les marchés et rencontrent un franc succès. Une petite notoriété qui va les inciter à voir plus grand. Les jeunes entrepreneurs construisent leur propre laboratoire autonome, en eau et en électricité, niché dans leur forêt.
On a rapporté un container frigorifique ce qui permet d’avoir une bonne stabilité en hygrométrie et en température.
Jean-Paul Daanen
"Le calophylle est ici, comme un drapeau" décrit Jean-Paul, émerveillé par cet arbre qui désormais rythme sa vie et celle sa famille. À l’intérieur du laboratoire, des boîtes remplies de produits sont empilées au sol. Sur les plans de travail, quelques modestes machines sont disposées. Ici, le fait totalement main, prend tout son sens. Ils ont créé un panaché de neuf produits, parmi eux, des huiles antidouleurs menstruelles, pour apaiser les démangeaisons ou encore des baumes cicatrisants et jambes lourdes. Même si les fondateurs de Maravilla ont l'artisanat chevillé au corps, ils souhaitent se doter d'outils plus performants. Ils ont d'ailleurs lancé une campagne de financement participative sur le site Kiss Kiss Bank Bank.
Une gamme de cosmétiques vendue en petite quantité en pharmacie, et surtout dans leur propre boutique. La Maison Maravilla à Pointe-à-Pitre, une ancienne case créole restaurée à l’identique, a été inaugurée le 26 octobre dernier.
La case créole, rue Lethière
"Nous, on est amoureux des vieilles maisons, et on ne voulait pas laisser un bien disparaître comme beaucoup d’autres dans Pointe-à-Pitre", raconte Aude, accoudée au comptoir, leur boutique. Il y a quatre ans, cet amour pour les anciennes bâtisses s'est enfin concrétisé. À l’époque, Jean-Paul, pointois d'origine, souhaite revenir aux sources. Lui et son épouse, cherchent à acheter une maison à Pointe-à-Pitre. Après une longue quête de l'habitation idéale, ils jettent leur dévolu sur ce 60m2, rue Lethière.
Une case créole typique, six mètres de façade sur rue, dix mètres de profondeur.
Aude Daanen
Les travaux vont débuter un an après l'achat de leur maison, et durer deux ans. Bien plus que de la rénovation, ici, il s'agit de restaurer. Le couple est animé par cette envie commune de valoriser le patrimoine architectural guadeloupéen. Pour donner une seconde vie à cette bâtisse, Aude va reprendre tous les détails architecturaux de la case créole, trait de Jupiter, claustra de ventilation, contreventement des volets, elle n'oublie rien. Cependant, l'architecte y apporte une touche de modernité, subtile mais qui fait toute la différence. Elle opte pour des fenêtres de toit qui viennent apporter de la luminosité dans cette maison où le blanc domine déjà. Une atmosphère chaleureuse, convivial, où des notes de couleurs pastel se déclinent dans un parfait équilibre. Elles n'ont pas été choisies par hasard.
On a voulu retrouver les couleurs d'origines de la maison. On a retrouvé des photos d'antan qui montraient ces couleurs, le vert clair, le bleu clair et le beige. On a respecté les peintures d'époque.
Aude Daanen
Une boutique où la forêt de calophyllym de Petit-Bourg est omniprésente, à la fois dans les produits, mais aussi dans les étagères et les comptoirs. L'explication est simple, ces rangements ont tous été fabriqués à partir du bois d’un Poirier, presque centenaire.
C'est un arbre qu'on a du couper parce qu'il devenait dangereux et on voulait lui donner une seconde vie.
Aude Daanen
Ici, l'impression de faire un bond dans le passé submerge toutes celles et ceux qui franchissent le seuil de la porte. La maison Maravilla à Pointe-à-Pitre s’inscrit dans une dynamique en plein essor : l’art de remettre au goût du jour, la case créole, tout en conservant l’esprit d’antan.