Ces dernières semaines, des "affrontements d’une extrême violence, qui opposent des groupes armés lourdement armés, à quelques mètres de l’enceinte de l’hôpital" ont eu lieu, révèle le communiqué de MSF. L'association humanitaire ne pouvant garantir la sécurité de son personnel et de ses patients a donc pris la décision de fermer l'établissement de santé.
"Nous vivons des scènes de guerre à quelques mètres de notre établissement" raconte Vincent Harris, référent médical chez MSF. "Notre hôpital n’a pas été ciblé directement, mais est impacté par les combats depuis que l’hôpital s’est retrouvé sur la ligne de front".
En effet, plusieurs balles perdues ont été retrouvées à l'intérieur de l’hôpital, et l’accès est devenu quasiment impossible pour les patients dont certains ont été blessés aux abords de la structure.
Les équipes médicales font régulièrement des appels à la fin des hostilités, espérant pouvoir reprendre leurs activités "et continuer de fournir les soins de santé à la population de Cité Soleil" indique le communiqué.
L’organisation s’alarme de la dégradation vertigineuse de la situation sécuritaire dans l’ensemble de la capitale haïtienne et de la précarité croissante qu’elle entraîne, alors que les populations font face à des besoins humanitaires et sanitaires de plus en plus importants.
Communiqué MSF
Dans la capitale haïtienne, chaque jour, le bilan s'alourdit... Pour exemple, le centre d'urgence MSF de Turgeau, quartier de Port-au-Prince, jusqu’à dix fois plus de blessés par balle que la moyenne sont reçus, chaque jour. Trop souvent, des enfants, des femmes, des personnes âgées, victimes collatérales des affrontements. Sans compter les blessés, trop effrayés pour sortir de leur quartier.
Médecins sans Frontières est présent en Haïti depuis 30 ans. L'association humanitaire, en avril 2022, fermait déjà temporairement cet hôpital de Cité Soleil, en raison de violences commises par les gangs.
Ouvert depuis plus d'une décennie, ce centre hospitalier est dédié aux urgences avec possibilité de soins d'observation pédiatriques.
En août 2021, l'hôpital que l'ONG faisait fonctionner depuis 15 ans dans le quartier de Martissant, l'un des plus défavorisés de Port-au-Prince, avait été fermé définitivement pour les mêmes raisons.
Ce retrait faisait alors suite à celui des policiers qui avaient déjà abandonné le commissariat de quartier face à la violence des gangs, tandis que plusieurs milliers de citoyens avaient dû fuir leurs habitations et que banques et entreprises avaient été pillées par les groupes armés.