Mobilisation contre l'homophobie avec la ligne d'écoute téléphonique "Voix Arc-en-ciel"

La ligne d'écoute téléphonique anti-haine LGBT, instaurée par l'association "Amalgame Humani's", l'an dernier, a reçu près de 400 appels. Les plus en demande de soutien sont les jeunes hommes de 15 à 25 ans. Le rapport d'activité de ce dispositif a été remis au préfet, vendredi dernier.

L'heure du bilan, un an après

Le préfet de la région, Alexandre Rochatte, a reçu, vendredi 27 novembre 2020, le premier rapport annuel d'activité de la ligne téléphonique d'écoute anti-haine LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transexuelles) de la Guadeloupe : la ligne "Voix Arc-en-ciel".
Souvenez-vous : en 2019, l'association "Amalgame Humani's" avait été retenue pour lancer et animer cette plateforme, vouée à lutter contre la haine, à l'égard des personnes LGBT.
Un an après, l’heure est au bilan.

Premier constat : près de 400 appels ont été réceptionnés, en majorité provenant de jeunes hommes, âgés de 15 à 25 ans.

Pour la présidente de l'association "Amalgame Humani's", ce dispositif répond à un besoin de libération de la parole. Son souhait est qu'il serve aussi à renforcer les actions de sensibilisation, sur l'importance de la tolérance envers autrui, notamment au sein des établissements scolaires.
Viviane Melyon-Defrance est interrogée par Rémy Defrance :


Coordonnées pour accéder aux services de ligne téléphonique d'écoute anti-haine LGBT "Voix Arc-en-ciel" :

  • 0690 757 767
  • www.voixarcenciel.org
 

Les enseignements du rapport 

Le rapport annuel d’activité de la ligne "Voix Arc-en-ciel" n’a pas été rendu public. Mais nous avons pu en prendre connaissance.

Les chiffres

382 appels ont été passés, entre le 1er novembre 2019 et le 31 Octobre 2020. Un nombre qui correspond à un peu plus d’un appel par jour, pour les 13 écoutants de la ligne.
  • 210 appels proviennent de jeunes de 15 à 25 ans (55%) ;
  • 114 appels proviennent d'adultes de plus de 45 ans (34%)
  • 157 appels proviennent d'hommes (75%) ;
  • 52 appels proviennent de femmes (25%).
95% des appelant ont fait le choix du sacrifice (ou du déni), en se mariant et en créant une famille "conformiste".

5% du public de la ligne "Voix Arc-en-ciel" (19 appels) sont en recherche d'information, pour des dossiers familiaux (adoption d'une enfant...).

3% sont des appels au secours, provenant de personnes dépressives, aux pulsions suicidaires au ayant des conduites addictives.

La mission "Voix Arc-en-ciel"

Les opérateurs, tous bénévoles du milieu médico-social, sont formés pour assumer cette mission d'écoute active et bienveillante.
24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ils écoutent, soutiennent, informent, orientent et accompagnent les victimes de discriminations et actes "LGBT-Phobes".

L'homophobie

Plus de la moitié des personnes LGBT ont été confrontées, au cours de leur vie, à au moins une forme d’agression commise en raison de leur orientation sexuelle ; plus d’une sur six a subi des violences physiques.
Les victimes d'homophobie se disent ostracisés, invectivés... Les agressions peuvent se traduire par des brimades, des moqueries, des violences verbales et/ou physiques, des mises à l'écart. Des faits qui ont lieu, d'abord dans la famille, à l'école, sur le lieu de travail. Les auteurs de discriminations peuvent ne pas s'en rendre compte. Une attitude, parfois, suffit à blesser.

En 2019, au national, le ministère de l’intérieur a fait état de 1.870 infractions, à caractère homophobe ou transphobes, enregistrées par les services de police et de gendarmerie. Il y en a eu 1.380 en 2018. Le phénomène a donc augmenté, à hauteur de 30%, en l'espace d'un an.

En 2014, selon un rapport de la délégation Outre-mer de l'Assemblée Nationale, citant une étude KAPB (Knowledge, Attitude, Belief and Practice = Connaissance, attitude, croyance et pratique), plus de 60% des Guadeloupéens estimaient que l’homosexualité est une sexualité contre-nature, ou le signe d’un problème psychologique.