Cinq jours après la décision du Tribunal judiciaire de Paris, prononcée le lundi 2 janvier 2023 et communiquée le jeudi 5 janvier, les présidents des collectivités Départementale et Régionale de la Guadeloupe ont exprimé leur indignation, par voie de communiqué. Guy Losbar et Ary Chalus n’admettent pas que la justice reconnaisse "un scandale sanitaire", tout en mettant un point final, sans poursuites, à l'information judiciaire ouverte depuis 2008 sur l'empoisonnement massif de la Martinique et la Guadeloupe au Chlordécone.
Pour rappel, ce pesticide, autorisé dans les bananeraies des Antilles françaises jusqu'en 1993, a durablement contaminé les sols, les eaux, la faune, les produits d’agriculture et les bétails ; les conséquences sur la santé humaines sont catastrophiques (nombre élevé de cancers de la prostate, naissances prématurées, etc.).
Le Département entre dans la bataille judiciaire
La décision de non-lieu rendue dans l'affaire du scandale de l'empoisonnement des terres et des populations de Guadeloupe et de Martinique par le Chlordecone est aussi juridiquement et matériellement inexplicable que profondément injuste (...). Elle constitue un véritable déni de démocratie qui oblige les élus, les institutions et la société civile à faire bloc, face à l'impact conjugué de la pollution sur la santé de nos compatriotes, sur l'agriculture et sur la pêche.
Guy Losbar, président du Conseil départemental de la Guadeloupe
Guy Losbar, qui réaffirme son "engagement à accompagner les associations et les collectivités, notamment dans la poursuite de l'action judiciaire", était l’invité de Ludivine Guiolet-Oulac, dans le journal télévisé de 19h30, samedi 7 janvier, sur Guadeloupe La 1ère :
De longue date partie civile, la Région interjette appel
La Région Guadeloupe s’était très tôt constituée partie civile, dans cette affaire et s’était jointe à la plainte, pour "mise en danger de la vie d’autrui et administration de substances nuisibles". Ary Chalus ne compte pas en rester là, après le non-lieu. Le président de la collectivité a mandaté un cabinet d’avocats afin d’interjeter appel.
Au-delà de la symbolique, ce non-lieu est terrible pour le territoire guadeloupéen et son écosystème, pour les victimes de cancers et de maladies graves, d'autant plus que l'instruction pénale a permis de faire émerger des éléments susceptibles de faire reconnaitre un véritable scandale sanitaire.
Ary Chalus, président du Conseil Régional de la Guadeloupe
L’objectif est bel et bien de faire valoir le préjudice subi par le territoire et la population de la Guadeloupe et d’obtenir réparation.