Pour la reconnaissance officielle du chien créole

Chien créole guadeloupéen
C'est une première en France, une semaine est dédiée aux chiens. Elle a débuté le 1er octobre, et s'achève ce dimanche 8 octobre 2023. Un évènement qui a été pensé par la Centrale Canine et été parrainé par le ministère de l'Agriculture. L'occasion de mettre en lumière, l'initiative de Nicolas Dolmen. Depuis 20 ans, ce Guadeloupéen milite pour la reconnaissance du chien créole.

"Un bon gardien... Gentil... Robuste", ce sont les trois principales caractéristiques qui viennent à l'esprit lorsque l'on décrit un chien créole. Selon la Société Potectice des Animaux, il est issu de multiples croisements, ses ancêtres sont des chiens errants des croisés

, des sans famille. Il n'existe pas à proprement dit de race de chien créole, car il n'est pour l'heure  pas reconnu officiellement auprès des instances cynophiles, que soit la Fédération Cynophile Internationale ou la Société Centrale Canine. Pourtant, un Guadeloupéen a bel et bien tenté d'inscrire le chien créole au LOF (Livre des Origines Français), mais sans succès. Rencontre avec Nicolas Dolmen.

Dans les années 2000, ce passionné cynophile a tenté de faire reconnaître la race créole.

Passion pour le chien créole

L'effervescence de Jarry, un mercredi midi. Les clients défilent à l'animalerie. Tous souhaitent discuter avec le patron, Nicolas. C'est lui, l'expert, l'amoureux des bêtes. D'ailleurs, à l'intérieur de son magasin, deux gros chats, de race Maine coon, sont confortablement installés sur les étagères. Ils veillent au grain : ils sont gentils, rassure Nicolas. Sa passion pour les animaux et plus précisément pour les toutous débute dès l'enfance, devant l'émission 30 millions d'amis. Puis, à l'âge de 13 ans, Nicolas s'installe en Guadeloupe avec ses parents et réalise son rêve, adopter un chien, ça sera un créole, Flamme. 

Il était jaune et très actif. Ma grand-mère avait un rapport particulier avec les chiens, alors que je voulais qu'il dorme avec moi dans la chambre. Mais à l'époque c'était hors de question, qu'un chien puisse rester dans une maison.

Nicolas Dolmen, éleveur, patron d'animalerie

Le déclic 

Le temps passe. Nicolas transcende sa passion et se lance dans l'associatif canin. En 2004, il devient le plus jeune président de l’association canine territoriale de la Guadeloupe (ACTG). Cette même année, lors d'un échange avec le président de la Société Centrale Canine de l'époque, ce dernier lui annonce le lancement du processus de reconnaissance du chien corse (Le Cursinu qui sera officiellement reconnu comme race en 2012). Ni une, ni deux, Nicolas ambitionne de faire pareille avec le chien créole. Un processus qui s'avérera être long et fastidieux.

La première étape consistait à établir le standard de la race. Puis, il fallait lancer un appel à la population pour trouver les chiens qui correspondait aux caractéristiques. Et enfin, il fallait lancer la reproduction, en suivant un cahier des charges très strict. Une démarche scientifique afin d'identifier les chiens par l'ADN, pour qu'on puisse suivre la reproduction sur au moins 3 ans.

Nicolas Dolmen, éleveur et patron d'animalerie 

Définir la race du chien créole

Un travail titanesque. Pour autant, Nicolas ne se décourage pas. Entre 2004 et 2005, il entreprend la première étape, en ébauchant les standards de la race créole. D'abord, les caractéristiques physiques : "un chien typé berger, un poil mi-court, des oreilles tendues, un museau un peu long, différents types de coloris, du fauve, au noir et feu avec du noir et blanc, la queue enroulée". Pour la taille et le poids, Nicolas établit une fourchette, entre 35 et 52 cm, et entre 8 et 20 kilos. Puis, viennent les traits de caractère : "alerte, très bon gardien, chasseur, gentil, et surtout extrêmement résistant aux maladies tropicales". Une fois cette ébauche établie, Nicolas tente de lancer la reproduction. Pour ce faire, il doit trouver, 10 voire 15 couples de chien créole. Et c'est là, que le projet tombe à l'eau.

Rex, chien créole guadeloupéen

La source originelle a disparu

"On n'avait pas de sujets qui correspondaient", c'est le terrible constat qui claque au visage de Nicolas. Le passionné cynophile ne parvient pas à dénicher les couples parfaits, pour débuter, la phase la plus complexe, la reproduction des chiens créoles afin de peaufiner les standards de la race. En effet, à cette époque, le chien créole est considéré comme le mal-aimé. Il est très vite délaissé au profit de chien "pure race". Ce qui aura pour conséquence la disparition de sa source originelle. 

Il y a eu tellement de races qui ont été massivement importées en Guadeloupe. Maintenant, notre chien créole ressemble à des Pitbull. On se retrouve avec des museaux beaucoup plus carrés, plus courts. Des carrures plus impressionnantes.

Nicolas Dolmen, éleveur et patron d'animalerie

À peine le projet lancé, Nicolas se retrouve contraint d'abandonner. Pour autant, aujourd'hui, près de 20 ans plus tard, l'idée de redonner ses lettres de noblesse au chien créole est toujours logée dans un coin de sa tête : "il faudrait aller ailleurs, dans les îles anglophones, où il en existe encore".

LOF

C'est en 1885 qu'est créé, en France, le livre des Origines Français. Il s'agit d'un répertoire des origines des chiens français de race. Seuls ceux inscrits au LOF ont droit à l'appellation "chien de race", elle justifie un prix plus élevé qu'un chien croisé, d'apparence ou de type racial.  Il s'agit du seul livre généalogique dédié exclusivement à l'espèce canine en France.