Présidentielle contestée au Venezuela : l’opposition œuvre pour faire céder le pouvoir, en vain jusqu’ici

La chef de l'opposition Maria Corina Machado affiche les feuilles de décompte des votes, lors d'une manifestation contre la réélection du président Nicolás Maduro, à Caracas (Venezuela) - 28/08/2024.
Nicolas Maduro préside le Venezuela, depuis la proclamation de sa victoire à l’élection du 28 juillet par le Conseil national électoral (CNE), pour un troisième mandat. Ce, malgré l’opposition qui revendique avoir remporté davantage de suffrages et les doutes émis par la communauté internationale. Les procès-verbaux détaillés n’ont toujours pas été communiqués. Les manifestations de contestation sont durement réprimées. Le pays, dont la situation est critique, est donc dans une impasse.

Au Venezuela, la chef de l’opposition vit dans une semi-clandestinité, depuis la proclamation, par le Conseil national électoral (CNE), de la victoire de Nicolas Maduro, à l’élection présidentielle du 28 juillet dernier. Maria Corina Machado a tout de même participé à une manifestation organisée à Caracas mercredi, soit un mois, jour pour jour, après le scrutin dont les résultats sont controversés. Son objectif est de faire "céder le pouvoir", selon la promesse faite à ses partisans, le 28 août.

La chef de l'opposition Maria Corina Machado mène une manifestation contre la réélection du président Nicolás Maduro, à Caracas (Venezuela) - 28/08/2024.

Pour rappel, l’opposition vénézuélienne affirme avoir remporté le scrutin avec plus de 60% des voix et a rendu publics les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, pour le prouver.

Ils disent que le régime ne va pas céder. Vous savez quoi : nous allons le faire céder ; et céder signifie respecter la volonté exprimée le 28 juillet (...). La contestation ne peut pas être arrêtée.

Maria Corina Machado, cheffe de l’opposition vénézuélienne

Au diapason, le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia est, pour sa part, intervenu en visioconférence, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE), jeudi, afin de rendre compte de la situation politique dans son pays. 

La situation au Venezuela est critique. Nous avons donc invité le candidat qui a obtenu des résultats démontrant que [le président Nicolas] Maduro n'a pas gagné cette élection (...). La répression continue au Venezuela. Des membres de l'opposition ont été arrêtés et ont disparu. Nous sommes très préoccupés par la situation dans laquelle se trouvent les leaders de l'opposition.

Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne

Joseph Borrell espérait que les 27 arrêtent une position commune sur le Venezuela. Et, en effet, à l’issue des échanges, il a annoncé que l’UE ne reconnaît pas de "légitimité démocratique" au président vénézuélien Nicolas Maduro qui, "continuera à être président, oui, de facto, mais nous ne reconnaissons pas de légitimité démocratique basée sur des résultats (électoraux) qui ne peuvent pas être vérifiés", a-t-il déclaré.
"Nous devons nous rendre à l'évidence que ces procès-verbaux ne seront pas présentés. Il n'y a pas de volonté de les présenter", a déploré de son côté le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.
Mais, au final, Bruxelles continuera à avoir des relations avec le Venezuela de Nicolas Maduro. "Dans la vie diplomatique, on ne reconnaît pas les gouvernements, mais les Etats", a expliqué le diplomate européen.

Le Parquet vénézuélien a convoqué Edmundo Gonzalez Urrutia pour la troisième fois, vendredi, l'avertissant de l'émission d'un "mandat d'arrêt" contre lui s'il ne se présentait pas, selon la convocation diffusée jeudi par le procureur. L’opposant a ignoré les deux précédentes convocations.
Ancien ambassadeur, aujourd'hui âgé de 74 ans, M. Gonzalez Urrutia n'est pas apparu en public depuis le 30 juillet.

Le candidat de l'opposition vénézuélienne à la présidentielle, Edmundo Gonzalez, lors d'un événement de campagne avant les élections à Caracas - 13/06/2024.

Human Rights Watch a estimé que "refaire des élections" au Venezuela n’est pas une solution ; c’est une "insulte à la démocratie", juge HRW. L’organisation non gouvernementale critique la proposition du Brésil et de la Colombie, qui préconisent de réorganiser une présidentielle, pour mettre fin à la crise politique que traverse le pays.