Présidentielle contestée au Venezuela : le candidat de l’opposition parti en Espagne, où l’asile politique lui sera accordé

Le candidat de l'opposition vénézuélienne Edmundo González Urrutia - photo du 09/05/2024, à Caracas.
Edmundo Gonzalez Urrutia va bien et est en lieu sûr... mais loin de son pays, où il revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet dernier. Le candidat de l’opposition vénézuélienne bénéficiera bientôt du droit asile, que compte lui accorder Madrid. C’est d’ailleurs vers l’Espagne qu’il s’est envolé, ce week-end, après s’être réfugié l'ambassade de ce pays, à Caracas. Au Venezuela, l’opposant est visé par un mandat d’arrêt, alors que ceux qui dénoncent la proclamation des résultats, en faveur de Nicolas Maduro, sont sévèrement réprimés.

Ce qui n’était, hier soir (samedi 7 septembre 2024), qu’une affirmation des autorités vénézuéliennes a été confirmé, entre-temps, par Madrid et l’avocat d’Edmundo Gonzalez Urrutia : le candidat d’opposition du Venezuela a quitté son pays pour l’Espagne, en compagnie de son épouse. Ils se sont envolés, ce dimanche, à bord d'un avion de l'armée espagnole.

Je confirme qu'il est parti vers l'Espagne.

José Vicente Haro, avocat de Edmundo Gonzalez Urrutia

À sa demande, Edmundo Gonzalez vole vers l'Espagne à bord d'un avion de l'armée de l'air espagnole. Le gouvernement espagnol s'engage à respecter les droits politiques et l'intégrité physique de tous les Vénézuéliens.

José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères

La vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez, avait annoncé, un peu plus tôt, sur les réseaux sociaux, que Monsieur Gonzalez Urrutia avait sollicité l'asile politique à l'Espagne.

Aujourd'hui, 7 septembre, Edmundo Gonzalez Urrutia (...) a quitté le pays. Après s'être réfugié volontairement à l'ambassade d'Espagne à Caracas, il y a quelques jours. Il a demandé l'asile politique au gouvernement espagnol (...). Le Venezuela a accordé les sauf-conduits nécessaires, dans l'intérêt de la paix et de la tranquillité politique du pays.

Delcy Rodriguez, vice-présidente vénézuélienne

Le couple s'est posé à la base aérienne de Torrejón de Ardoz, près de Madrid, vers 16h00 (heure locale), ce dimanche.

Visé par un mandat d’arrêt au Venezuela

Cet homme politique, qui a dû prendre la fuite, revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet dernier, face à Nicolas Maduro. Mais ce dernier ayant été proclamé élu, pour un troisième mandat de six ans, Edmundo Gonzalez Urrutia vivait dans une quasi-clandestinité, sur place, depuis plus d’un mois.
L’ancien ambassadeur, âgé de 75 ans, est visé, depuis le 3 septembre, par un mandat d'arrêt, pour ne pas s'être présenté à trois convocations du Parquet, dans le cadre d'une enquête pour "désobéissance aux lois", "conspiration", "usurpation de fonctions" et "sabotage".

Inconnu du grand public, avant la présidentielle, il avait accepté de remplacer comme candidat, au pied levé, la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible.

Sa vie était en danger, et la multiplication des menaces, des convocations, des mandats d'arrêt dont il a fait l'objet, montre que le régime n'a aucun scrupule ni aucune limite dans son obsession de le faire taire et de tenter de le briser.

Maria Corina Machado, cheffe de l'opposition vénézuélienne

Le président socialiste Nicolas Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême, le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral ; CNE qui n'a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d'un piratage informatique.
Une telle attaque informatique est jugée peu crédible par l'opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact.
Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

L’asile politique accordé par l’Espagne

L'Espagne accordera "naturellement" l'asile politique au candidat de l'opposition à la présidentielle au Venezuela, a affirmé le chef de la diplomatie espagnole, ce 8 septembre. Dans de brèves déclarations à la télévision espagnole, lors d'une escale au sultanat d'Oman, sur la route de la Chine, José Manuel Albares a indiqué qu'Edmundo Gonzalez Urrutia avait lui-même "demandé à bénéficier du droit d'asile". Les deux hommes ont d’ores et déjà échangé.

Il m'a transmis ses remerciements au gouvernement (espagnol) et à l'Espagne (...). La position du gouvernement espagnol n'a absolument pas changé, par rapport à ce qu'elle était avant le départ d'Edmundo González.

José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères

Madrid, en effet, réitère "l'exigence que soient présentés les procès-verbaux" des bureaux de vote et "qu'ils puissent être vérifiés", complète le membre du gouvernement espagnol, affirmant que l'Espagne "ne va reconnaître aucune prétendue victoire" de Nicolas Maduro, si ces conditions ne sont pas remplies.

L’Union européenne appelle à la fin de l’oppression de l’opposition

Par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell, l'Union européenne (UE) exige que le Venezuela mette fin à l'oppression des dirigeants de l'opposition et libère tous les prisonniers politiques, ce dimanche.

L'UE insiste pour que les autorités vénézuéliennes mettent fin à la répression, aux arrestations arbitraires et au harcèlement des membres de l'opposition et de la société civile, et pour qu'elles libèrent tous les prisonniers politiques.

Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE

L'annonce de la réélection du président socialiste a provoqué des manifestations spontanées, brutalement réprimées. Elles ont fait 27 morts, 192 blessés, tandis que 2.400 ont été arrêtées, selon le bilan d’une source officielle qui remonte à fin août.