L’affaire avait fait grand bruit. En juillet 2022, lors d’une fête de village, Hans Nomertin, un jeune Guadeloupéen, avait été roué de coups. Ces agresseurs l’avaient accusé de piquer des fêtards avec une seringue. Les quatre hommes comparaissaient hier devant le tribunal correctionnel de Carcassonne. Pendant cette audience exceptionnelle de presque 12 heures, il a été question de cette fausse rumeur à l’origine de ce déchaînement de violence, mais aussi de la dimension raciste de l’attaque. Une vidéo avait circulé à l'époque sur les réseaux sociaux.
Une fausse rumeur à l'origine du drame
Cette vidéo montre deux hommes s'acharner à coups de poing et de pieds sur Hans Nomertin, encouragés par les voix d'une foule hors champ. Elle a été diffusée en début d'audience devant les quatre prévenus. Deux d'entre eux confirment s'y reconnaître. Ils reconnaissent aussi s'en être pris à Hans parce qu'ils ont entendu "c'est les noirs qui piquent". Depuis le début de la fête dans ce petit village du sud de l'Hexagone, la rumeur courrait que "des piqueurs" attaquaient des fêtards avec une seringue. Ce soir-là, Hans était venu avec des amis pour s'amuser, un groupe de six dont quatre noirs. Les prévenus les ont trouvés louches. "Certains auraient piqué une personne à l'épaule avant qu'elle fasse un malaise" racontent-ils à la cour.
"Une fausse rumeur" rétorque la juge qui parle même d'un "phénomène d’hystérie collective". Un homme est venu aussi témoigner pour Hans, Nelson c'est son nom, était présent dès le début de la fête. Pour lui Hans est arrivé dans le village après la rumeur des piqûres et le "Guadeloupéen a été victime d'un lynchage en raison de la couleur de sa peau".
La motivation raciste non retenue
Un point de vue qui n'a pas été retenu par la procureure, dans son réquisitoire.
Mon travail c'est de faire du droit. La motivation raciste n'existe pas dans cette attaque qui reste grave.
Procureure de la République au procès
Elle réclame donc de la prison avec sursis pour deux des prévenus, 212 heures de travaux d'intérêt général pour le troisième et la relaxe pour le dernier.
Quant à Hans, traumatisé par son agression, il espère surtout que ses neveux et nièces qui commencent à sortir dans la région ne connaîtront pas le même sort que lui. Il n'a pas souhaité s'exprimer face à une caméra mais sa mère accepte de parler du traumatisme de son fils.
Le jugement sera rendu le 13 novembre 2024.