République Dominicaine : le sortant Luis Abinader grand favori de la présidentielle

Le président de la République dominicaine, Luis Abinader, lors de sa cérémonie d'investiture à Saint-Domingue, en République dominicaine, le 16 août 2020. Il est le favori de la course présidentielle de 2024.
Très apprécié pour sa gestion ferme de l’immigration haïtienne et décidé à aller plus loin, pour refouler le maximum de ressortissant du pays voisin de la République dominicaine, Luis Abinader se prépare à garder la présidence Dominicaine. Mais c’est sans compter sur l’un de ses prédécesseurs, l’ancien chef d’Etat Leonel Fernandez, qui croit aussi en ses chances de victoires, dimanche.

Archi-favori des sondages, le président dominicain sortant Luis Abinader cherchera, dimanche 19 mai 2024, à se faire élire dès le premier tour, pour un deuxième mandat de quatre ans, s'appuyant sur son bon bilan économique et, surtout, sur sa fermeté à l'égard d'Haïti, très appréciée par la population locale.
Huit des onze millions de Dominicains sont appelés aux urnes.

Luis Abinader "va vers une réélection confortable", estime la politologue dominicaine Rosario Espinal, à propos du scrutin présidentiel, mais aussi législatif (190 députés, 32 sénateurs).

Neuf candidats sont en lice.
Selon le dernier sondage Gallup, le président sortant, âgé de 56 ans, est crédité de 60% des voix. Il devance l'ancien président Leonel Fernandez (1996-2000, 2004-2012, arrivé troisième en 2020), crédité lui de 25% d’intention de vote, ainsi qu’Abel Martinez, qui en remporterait 13 %.

Un thème de campagne nommé Haïti

Luis Abinader "a su prendre des mesures qui lui ont apporté plus de soutien", explique Rosario Espinal, évoquant les subventions sociales, la baisse du chômage et surtout la question de la migration de Haïti, le voisin avec qui le pays partage l'île d'Hispaniola. Sa politique à l'égard d'Haïti a d'ailleurs reçu un fort soutien, selon les sondages.

Depuis son arrivée au pouvoir, Luis Abinader a fait multiplier les opérations et raids contre l'immigration clandestine, augmenté les expulsions (plus de 250.000 en 2023), érigé un mur à la frontière et bloqué l'immigration en provenance du pays voisin, en proie à une crise politique et humanitaire chronique, aujourd'hui aggravée par la violence des gangs, qui contrôlent une grande partie de son territoire.
"C'est une question qui lui a apporté du soutien" dit Rosario Espinal. Le sujet n'est pas miné, dans le pays où le racisme anti-haïtien va grandissant.
"Nous continuerons à expulser les clandestins", a assuré M. Abinader, lors d'un débat il y a trois semaines.
"Nous avons ce droit" (d'expulser), a convenu son adversaire M. Fernandez, tous deux critiquant la pression internationale sur le sujet de l'accueil des Haïtiens.

Une élection sous forme de duel

La campagne, elle, bat son plein. Saint-Domingue et de nombreuses villes de province sont tapissées d'affiches des candidats. Abinader et Fernandez ont multiplié meetings et rassemblements.
"Nous allons gagner à nouveau !", crient les supporteurs du sortant, alors que son principal adversaire assure à ses partisans que, dimanche, "il y aura des surprises".

La gestion d'Abinader bénéficie d'un taux d'approbation de 70%, selon Gallup, qui note que 47,5% des personnes interrogées estiment que le pays est "sur la bonne voie" et que 40% pensent que la situation économique "s'est améliorée".
"Stabiliser un pays n'est pas si facile et le faire fonctionner correctement non plus, cela prend du temps", promet Genry Pérez, un transporteur de trente ans, fervent partisan du président.

Leonel Fernandez a accusé le gouvernement de manipuler les indicateurs de l'économie, qui a connu une croissance de 2,5% en 2023, selon la Banque mondiale et estime que le président Abinader "s'est loupé".
Évoquant sans cesse son "bon bilan", Luis Abinader assure aussi que voter pour Fernandez, c'est "revenir" à la corruption.
"La lutte contre la corruption a été le thème qui l'a amené au pouvoir", rappelle Rosario Espinal. Selon les sondages, le Parti révolutionnaire moderne (PRM) d'Abinader devrait aussi obtenir la majorité des sièges au Congrès.
Le PRM a déjà remporté 120 des 150 sièges de mairies, lors des municipales de février, considérées comme un thermomètre pour les élections générales.