En 2016, Myriam El-Kohmri, alors ministre du travail, posait la première pierre de ce qui devait être la "dernière mission locale de France". Cinq ans plus tard, la sénatrice et élue de la collectivité, Annick Petrus a obtenu la relance du projet par le ministère des Outre-Mer.
"La dernière mission locale de France" se sera fait attendre et la première pierre posée en 2016 par Myriam El-Kohmri, alors ministre du travail du gouvernement Cazeneuve, aura eu le temps de se sentir seule. À l'époque, l'investissement de la structure se chiffrait à 2.7 millions d'euros, pour une livraison à la fin de l'année 2018. Mais passé la grande messe, les choses ont traîné et les crédits qui avaient été fléchés pour le chantier ont finalement été retirés.
La validation du ministère de l'Outre-Mer
La réimplantation de la mission locale revient dans les priorités de l'administration sous l'impulsion de Jocelyn Élouin, directeur général adjoint du Pôle Délégation du Développement Humain de la Collectivité. Il sensibilisera la sénatrice et élue de la collectivité Annick Petrus qui se chargera, dès septembre 2020, de défendre le dossier sur le plan national.
Avec succès d'ailleurs puisque lors de la visite de fin d'année éclair de Sébastien Lecornu, la reprise et l'avancée rapide du projet ont été validées avec une livraison prévue dans le premier semestre 2021. Pour s'en assurer, une enveloppe de 144 000 euros a été débloquée par l'État.
Le dispositif prendra ainsi en charge les moins de 20 ans qui représentent 40% de la population Saint-Martinoise et les quelques 500 jeunes de moins de 25 ans,actuellement gérés par Pôle Emploi.
Trois questions à Annick Petrus, sénatrice de la collectivité de Saint-Martin
Guadeloupe la 1ère : En l'absence de mission locale, comment étaient gérées les demandes d'emploi et de formation des jeunes St-Martinois ?
Annick Petrus : Depuis 2007, date qui signe le départ de la mission locale de Saint-martin, les jeunes étaient pris en charge par le service Accueil, Information et Orientation (AIO) de la collectivité. Mais ils passaient tout de même à côté de tous les dispositifs majeurs mis en place par les gouvernments successifs dans le cadre de la formation et l'insertion de la jeunesse. Par exemple, ils n'ont pas eu accès au contrat d'avenir en 2012. Ils ne peuvent pas non plus bénéficier des conventions de LADOM. Avec la réimplantation d'une antenne locale, ce problème sera réglé.
Guadeloupe la 1ère : Quel est le volume de l'attente pour ce dispositif ?
A.P. : Aujourd'hui, nous avons plus de 2 000 jeunes qui sont sans solutions à Saint-Martin. Cela veut dire qu'ils ne sont pas scolarisés et qu'ils n'ont pas non plus de formation. Beaucoup sont trop jeunes pour le RSA, ce qui implique qu'ils sont complètement lâchés dans la nature avec les dangers que cela induit. Cette mission locale pourra les prendre en charge et les réorienter vers la solution d'emploi ou d'insertion qui leur convient le mieux. C'est une très grande avancée pour le territoire, d'autant qu'elle entre en oeuvre dès cette année conformément à la validation de l'État.
Guadeloupe la 1ère : Quels dispositifs seront portés en priorité par cette nouvelle mission locale ?
A.P. : Pour prendre les choses dans l'ordre, le lieu de la nouvelle mission locale a été repéré. Ensuite, pour ce qui concerne l'équipe, nous allons nous appuyer sur les ressources de l'actuelle AIO que nous allons rapidement renforcer de trois recrutements rapides. Une fois l'équipe consolidée, nous allons débloquer des dispositifs tels que la "Garantie jeune", le volet "1 jeune 1 solution" du plan de relance du gouvernement, et signer dans la foulée avec LADOM, une série de conventions pour ouvrir à nos jeunes les catalogues de formation de Guadeloupe et de l'Hexagone. Parallèlement à cela, il y aura une évaluation pour déterminer les besoins immédiats du territoire.