Le bord de mer de Capesterre, à Marie-Galante, est, depuis quelques jours, déserté. Et ce mardi matin (4 juin) ne fait pas exception. Les habitants, comme les touristes, évitent soigneusement la zone. Et pour cause, les sargasses, telles une mauvaise habitude, ont fait leur grand retour sur les plages. Avec elles, les paysages défigurés, les odeurs pestilentielles et les émanations toxiques.
Quelques passants se risquent tout de même à circuler. Une obligation dont ils se seraient bien passés.
"L'odeur est à peine supportable en ce moment" regrette un passant. Arrivé il y a deux jours auprès de sa mère, il a, rapidement vu les effets désastreux des sargasses. Pour preuve, l'homme sort un bijou noirci de sa poche. Il en est certain, si les autorités ont bien pris conscience du problème, il faut faire plus.
Malgré tous les efforts, je constate que ça continue et il y a certainement autre chose à faire que de mettre un barrage qui très souvent se trouve détruit par la houle. Les autorités doivent penser à faire autre chose pour Capesterre, sinon, Capesterre se meurt.
Habitant de Capesterre de Marie-Galante
Un autre habitant s'inquiète des effets à long terme. Lui vit dans les terres, en hauteur et se retrouve également incommodé par les odeurs.
On dort mal, même avec le ventilateur, l'odeur reste. On craint pour notre santé.
Habitant de Capesterre de Marie-Galante
Et il n'est pas le seul. Barbara est asthmatique sévère. Face à la mer, elle s'interroge. Ses nuits comme ses journées sont devenues des cauchemars.
Je ne dors pas la nuit, je tousse. Je reprends de la cortisone depuis 15 jours alors que j'avais arrêté. J'ai mal à la tête. Cela joue aussi sur les muscles. Je sais que les choses se font mais se font-elles bien ? Je ne sais pas. La nature a le dessus. Je ne sais pas si j'aurais envie de quitter Capesterre parce que des trois communes, c'est ici que je me sens le mieux, car pour moi, Capesterre a une âme, mais aujourd'hui, si j'avais les moyens d'être ailleurs, pour ma santé, j'irais...
Barbara, habitante de Capesterre de Marie-Galante
Depuis 2011 et l'arrivée des premiers bancs de sargasses, les Capesterriens font contre mauvaise fortune bon cœur. L'espoir était venu du barrage anti-sargasses expérimental installé en 2023. Si, dans un premier temps, l'air avait été plus respirable, la houle avait eu raison de ce dispositif. Le filet avait été détérioré par les vagues générées pour l'ouragan Tammy, en octobre dernier. Repositionné après la saison cyclonique, le barrage n'a pas apporté satisfaction.
Un constat également dressé par le maire, Jean-Claude Maes.
Déjà en fin d'année, il déclarait vouloir mettre en place un enrochement afin de venir à bout de ces algues brunes. Huit mois plus tard, il n'en démord pas.
Un collectif désiradien monte au créneau
À La Désirade, les habitants assistent au même spectacle de désolation. Les sargasses ont pris possession des plages, du port de pêche... D'où l'alerte déclenchée par les autorités, le week-end dernier, en raison de taux de sulfure d'hydrogène (H2S) et d'ammoniaque (NH3) trop élevés.
Lassé de la situation, le collectif "Nou kat sé yonn" monte au créneau et exige davantage de communication et d'anticipation des services compétents, faisant remarquer que le retour des sargasses était attendu.
Le groupe réunissant Daniel Leclaire, Gabriel Foy, Max Villeneuve et Christophe Kancel, demande également une distribution massive de masques FFP2 avec capsule de recharge, à la population. Dans la mesure où une évacuation des zones impactées n'est pas possible.
Dans un communiqué, "Nou kat sé yonn" réclame des "autorités de l'île et aux instances compétentes de prévoir les prochaines vagues en approche plus sérieusement afin de protéger la population". Le groupe fait aussi des propositions :
- Dresser un inventaire précis du nombre d'habitants exposés
- Prévoir la mise à disposition de masques FFP2, y compris les capsules de rechange
- Informer régulièrement sur les taux de PPM relevés.