Le Laboratoire caribéen de sciences sociales (LC2S) et le Centre d’analyse géopolitique et internationale (CAGI) de l’Université des Antilles (UA), qui ont entamé un travail de fond sur l’évolution statutaire de la Guadeloupe, ont commandé à l’institut d’étude QualiStat un sondage d’opinion sur cette question.
Le rapport correspondant, finalisé le mois dernier, a été présenté ce vendredi 2 juin 2023, à l’UFR des Sciences Juridiques et économiques du campus de Fouillole, où se tient un séminaire sur le Congrès à venir.
En effet, le 7 juin prochain, les élus départementaux et régionaux, les parlementaires et les maires seront en Congrès, au Palais du Conseil départemental, à Basse-Terre, pour échanger autour de la gouvernance de l’archipel. Évolution institutionnelle ou statutaire ? Renforcement des pouvoirs locaux ? Les élus en discuteront.
Mais qu’en pensent les Guadeloupéens ? Le savoir est tout l’intérêt du sondage.
En décryptant les résultats de celui-ci, il apparaît que les Guadeloupéens ont une analyse fine de ce dossier.
D’une manière générale, lorsque l’on interroge les Guadeloupéens sur des sujets qui touchent à la politique, ils sont plus réticents que sur d’autres types de thématiques. Et là, dans ce cadre-là, on est au même niveau que les autres enquêtes (...) Contrairement à ce qu’on peut penser, les Guadeloupéens ont une opinion concernant l’évolution statutaire de la Guadeloupe.
Ericka Mérion, directrice de l’institut QualiStat (au micro d’Olivier Lancien)
L’intérêt pour la prise en compte des spécificités locales
L’élément le plus fondamental du sondage de Qualistat est la volonté de 7 Guadeloupéens sur 10 d’avoir un statut fiscal et douanier propre à la Guadeloupe. Sur ce point, 70% des personnes interrogées répondent franchement "oui", 27% "non" et 3% ne se prononcent pas.
Les personnes interrogées sont conscientes que la possibilité d’une fiscalité particulière et la compétence douanière sont souvent les pivots d’un développement endogène et de la protection du marché local.
Ce réalisme se décline aussi au niveau des compétences des élus.
L’urbanisme, avec des constructions adaptées aux réalités du territoire et la nécessité de préserver les terres agricoles, est un sujet qui touche près de trois quarts des sondés.
L’environnement arrive toute de suite après, avec 55%.
L’emploi, puis la gestion et la protection des littoraux suivent.
Et l’aspect politique dans tout cela ?
Sur les questions plus politiques de l’évolution institutionnelle ou statutaire, 59% des sondés sont tout à fait favorables, ou plutôt favorables, à une collectivité unique pour la Guadeloupe ; ce n’est pas un raz-de-marée, mais il y a une position franche.
Quant à l’hypothèse d’une fusion du Département et de la Région, là encore c’est le réalisme de l’opinion publique. Pas question de rassembler et de conserver 83 élus ! Les personnes interrogées sont plus de 80% à demander la limitation du nombre de fauteuils à 43, ou à 53.
Deux questions viennent à l’esprit : les Guadeloupéens sont-ils influencés par les exemples d’évolution des pays et territoires voisins et, par ailleurs, le sont-ils par leurs sentiments vis-à-vis du personnel politique ?
Oui ! Mais ça ne faisait pas partie des questions que le CAGI souhaitait aborder (...).
Ericka Mérion, directrice de l’institut QualiStat (au micro d’Olivier Lancien)
Le sondage précité a été réalisé par QualiStat sur un échantillon de 512 personnes de plus de 18 ans, par téléphone, entre le 06 et le 17 mai 2023. Il faut noter la marge d’incertitude de cette étude, comprise en 1.9 et 4,5 pour un échantillon de 500 répondants.