Cette découverte fait écho à l’incroyable biodiversité marine, bien qu'extrêmement fragile, qui habite les océans. Le requin-marteau pelle a une apparence unique. Une tête différente de ses congénères, en forme de pelle, d'où son nom.
Les pêcheurs, véritables découvreurs de l'espèce
Jusqu'ici, ces squales étaient surnommés "requins à capuches", par les pêcheurs de la région des Caraïbes, du Mexique et du sud-ouest de l'Atlantique qui les prenaient pour des requins-marteaux, comme il en existe beaucoup dans ces eaux.
Une particularité qui interpelle Cindy Gonzalez, dès 2015. Elle entreprend de faire des prélèvements sur des spécimens au Panama.
Cette découverte vient compléter d’anciennes constatations, notamment des échantillons ADN collectés en 2012 par un chercheur au Belize et d’autres spécimens retrouvés par hasard dans les marchés aux poissons de Tobago.
Pour identifier formellement cette nouvelle espèce, Cindy Gonzalez et son équipe ont utilisé une méthode scientifique appelée "taxonomie intégrative", qui associe l’étude de la morphologie à l’analyse de l’ADN.
Une méthode qui permet d'ajouter "des caractéristiques génétiques, ce qui nous permet de mieux comprendre les différences entre les individus et de nouvelles espèces", explique Bautisse Postaire, chercheur en génétique des populations à l’Université du Québec en Outaouais et co-signataire de l'étude.
L’étude a révélé que le requin-marteau pelle possède un nombre de vertèbres différent de celui des autres requins-marteaux.
Une espèce déjà en danger
Les chercheurs ont choisi de nommer cette nouvelle espèce "Sphyrna alleni", en hommage à Paul Allen, co-fondateur de Microsoft et soutien de leurs travaux.
Ce requin-marteau pelle a, à peine été identifié, qu'il se trouve déjà sous la menace de la surpêche, à l'instar du lambi, dans les eaux caribéennes.
Habitant les zones côtières, à moins de 30 mètres de profondeur, il évolue dans des environnements tels que les récifs peu profonds, les herbiers marins et les mangroves, ce qui le rend facilement accessible aux filets de pêche.
Ces squales, souvent capturés par accident, peuvent parfois être pêchés pour leurs ailerons ou pour des usages médicinaux en Asie. Là-bas, la pêche aux requins perdure malgré les interdictions.
Une étude a estimé que 10 % des requins capturés dans les pêcheries brésiliennes ciblant les requins-marteaux sont constitués de cette nouvelle espèce, mettant en péril sa survie avant même qu'elle n’ait pu être largement étudiée.
Une biodiversité marine encore à découvrir
La découverte de ce "requin-marteau pelle" rappelle que les océans demeurent une source infinie d'espèces différentes encore inconnues. L'existence de ce requin inédite souligne l'importance de la préservation des écosystèmes marins.