Verdict attendu ce vendredi à la mi-journée dans le procès aux assises de quatre membres présumés de la bande de Manoelzinho, ce dernier étant absent. Les réquisition vont de 20 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. La défense des deux accusés présents dénonce le «manque de preuves».
Laurent Marot •
L’avocat général a requis jeudi à Cayenne la réclusion criminelle à perpétuité pour Manoel Moura Ferreira, alias «Manoelzihno», jugé en son absence. Incarcéré au Brésil depuis son arrestation en juillet 2012, ce jeune brésilien de 24 ans au moment des faits a été le chef d’une bande présumée soupçonnée d'avoir semé la terreur sur les sites clandestins de Dorlin, à Maripasoula, de fin janvier au 27 juin 2012, date du meurtre de deux commandos du 9ème Rima, et de la fuite vers le Brésil du «Petit Manoel». Premier d’une série de plusieurs procès dans cette affaire, l’audience qui a commencé lundi 25 janvier aux assises concerne six meurtres : cinq commis le 21 janvier à Dorlin pour éliminer la bande de Felipe et prendre le contrôle de Dorlin, et un commis en juin sur ordre présumé de Manoelzinho, à l’encontre de «Careca Rio» (littéralement «le riche chauve»), un responsable de mines d’or clandestines, soupçonné d‘être le commanditaire de l’attaque contre l’équipe de Felipe. Les accusés - tous brésiliens, comme leurs victimes - sont poursuivis pour «meurtre en bande organisée» et/ou complicité de meurtre en bande organisée.
20 à 25 ans de prison requis contre les deux accusés présents
25 ans de prison et une interdiction définitive de séjour sur le territoire français ont été requis à l’encontre de Valdemir Dos Santos Ribeiro Pimenta, surnommé «Novato» ou «Novatinho», bras droit présumé de «Manoelzinho» durant les premiers mois de 2012. L’avocat général a requis 20 ans de prison et une interdiction définitive de séjour sur le territoire à l’encontre d’Itamar Bezerra Alves, alias «Itamar ou Japao», poursuivi pour le meurtre de Careca Rico. Ces deux accusés sont présents à l’audience, le premier incarcéré à Ducos, en Martinique, dans le cadre de l’affaire du double meurtre des militaires français, le deuxième en détention provisoire au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly. Enfin, 20 ans de prison ont été requis à l’encontre de Jose Antonio Brito, alias « Caxiado », poursuivi pour complicité de meurtre en bande organisée. Relâché de la prison de Ducos en 2013 suite à une erreur de procédure, selon son avocat, il a disparu sans respecter son placement sous contrôle judiciaire.
Les aveux partiels puis la rétractation de Manoelzinho
Après avoir reconnu certains faits peu après son arrestation à Macapa par la police militaire brésilienne, dont l’embuscade tendue aux militaires et aux gendarmes à Dorlin, « Manoelzinho » a nié en bloc les meurtres qui lui sont reprochés lors d’un interrogatoire mené en février 2014 à Macapa par un magistrat et un enquêteur français, dans le cadre d’une commission rogatoire internationale. Il doit être jugé par la justice fédérale brésilienne sur la base de l’enquête réalisée en Guyane, à une date qui n’a pas encore été fixée. Le 6 janvier dernier, il a été condamné par défaut - en son absence - à 20 ans de prison par la cour d’assises de Cayenne, pour le meurtre d’une jeune femme, Fernanda Franca Sanchez, commis en mai 2011 sur une zone clandestine de Saint Elie, en Guyane.
Les accusés présents se disent innocents
Invités à s’exprimer tour à tour devant la cour d’assises, «Novato» et «Itamar » ont nié toute participation aux crimes qui leur sont reprochés - respectivement l’embuscade meurtrière du 21 janvier 2012 et le meurtre de « Careca Rico » en juin de la même année. Ils reconnaissent seulement leurs présence avec une arme sur les lieux. Ils affirment avoir eu peur de « Manoelzinho », décrit comme très dangereux. «Novato» dit avoir assumé publiquement le meurtre de Felipe sous la pression du chef de bande, ce dernier voulant susciter le «respect» sur les sites clandestins. Selon lui, c’est Manoelzinho qui a tué, seul et avec un fusil de calibre 12, les cinq hommes de la bande à Felipe, pourtant équipés d’armes de guerre. Lors de leurs plaidoieries jeudi après-midi, les avocats de la défense ont évoqué le manque de preuves, dans un dossier où beaucoup de déclarations se fondent selon eux sur la «rumeur», et déploré le peu de débats contradictoires, en raison de l’absence de la plupart des témoins convoqués à l‘audience. Maître Jacques-Olivier Duboisset, l’avocat de Novato, a plaidé pour «une peine mesurée» ou «l’acquittement», Maître Nolwenne Even , a réclamé la clémence pour Itamar.
Reprise de l'audience vendredi à 8H00
L'audience reprendra ce vendredi matin, à 8H00, avec la possibilité pour les deux accusés de s'exprimer une dernière fois s'ils le souhaitent, puis la cour se retirera pour délibérer. Le verdict est attendu à la mi-journée ou en début d'après-midi.